Connaissez-vous l’appellation Montlouis en Touraine ?

Connaissez-vous l’appellation Montlouis en Touraine ?

Tel le village gaulois d’Astérix, Montlouis résiste, et innove. Dans le bio et le nature d’abord, quand certains vignerons démarrèrent il y a plus de 20 ans et face aux défis climatiques que leur envoie la météo.

Montlouis fait partie de ces appellations qu’une fois goûtées, il est quasiment impossible de ne pas aimer. Tout dépend bien sûr des goûts de chacun, mais l’énergie et la tension qui se dégagent de ces vins, doublées d’une aromatique (issue du cépage chenin) qui fait leur signature inoubliable, a de quoi faire tomber durablement amoureux. Est-ce parce que le chenin et les terroirs produisent des vins nerveux qu’il se dégage une énergie débordante parmi les 50 vignerons de l’appellation ? Possible.

Montlouis est une appellation qui se découvre, qui se savoure et qui se vit : être vigneron à Montlouis, c’est être un combattant ou un résistant, tant les conditions climatiques les mettent régulièrement à l’épreuve.

Caractéristiques de l’appellation

Reconnue AOC en 1938, Montlouis fait face à Vouvray, située au nord de l’autre côté de la Loire. Au sud, c’est le Cher qui la borde. Située sur un plateau calcaire, les vignes sont implantées entre 55 et 100 mètres d’altitude. 50% du vignoble est certifié bio ou biodynamie et 40% en Terra Vitis.

Ses sols sont issus de plusieurs formations géologiques réparties entre secondaire, tertiaire et quaternaire, et caractérisés par des formations crayeuses, donnant cette minéralité et cette tension incomparables, mais aussi de formations argilo-siliceuses et matériaux sableux.

Le seul et unique cépage est le chenin, dont l’acidité naturelle permet un profil aromatique typique et un grand potentiel de garde.

Une incroyable polyvalence et des caractéristiques uniques

Impossible de s’ennuyer à Montlouis mais la seule chose que vous n’y trouverez jamais, c’est du vin rouge. Mais si vous aimez le blanc, et tout le blanc, alors vous voici arrivé sur une véritable terre d’abondance.

Le chenin a cela de magique qu’il est polyvalent et capable de s’exprimer avec panache et élégance dans des formes radicalement différentes. La contrepartie étant la difficulté pour le vigneron de travailler ce cépage, qui, comme tous les grands, donne le meilleur seulement si son exigence est maîtrisée.

Vins tranquilles ou effervescents ?

Les deux mon capitaine.
Tranquilles secs ou moelleux ?
Les deux, et même les trois, puisqu’on peut y ajouter les demi-secs.

En revanche, on ne sait jamais d’un millésime à l’autre ce qui pourra être produit : c’est le côté magique du rapport existant entre Montlouis et le climat. En effet, si le millésime ne permet pas de porter le chenin à une certaine maturité, alors l’année ne connaîtra pas de moelleux.

Les secs seront ceux chez qui la tension et la minéralité de l’appellation s’exprimera le plus vivement. Finales salivantes, structure droite, où la part entre nervosité et rondeur varie d’une cuvée à l’autre, palette aromatique d’agrumes, fleurs blanches, tilleul, acacia, fruits blancs… Un véritable bouquet enveloppé dans la minéralité typique de l’appellation fait tout le charme de Montlouis.
Les demi-secs compteront entre 8 et 18 g de sucres résiduels, vinifiés à partir de raisins non ou partiellement botrytisés, tout le défi consistant à conserver la nervosité du chenin tout en récoltant les baies en légère sur-maturité.

Quant aux moelleux, ils se situent en général entre 18 et 35 g de sucres résiduels et réalisés par tri de raisins botrytisés ou passerillés. Coing, fruits secs, abricot et miel caractérisent ces cuvées de garde.

Les effervescents se répartissent quant à eux entre la méthode traditionnelle (champenoise) avec liqueur de tirage et d’expédition éventuelle, et les pétillants naturels (sans liqueur). Les deux vont rester 9 mois sur lattes (voire plus pour les traditionnels), pour donner des vins dont on apprécie la finesse de bulle et la complexité aromatique.

Un sacerdoce

Fuck le gel : lorsqu’on demande au vigneron Bertrand Jousset de résumer son appellation en un phrase, voilà la réponse qui fuse immédiatement, avec laquelle ses confrères et consœurs sont tous d’accord.

Bertrand Jousset, vigneron
Bertrand Jousset, vigneron

Heureusement qu’ils aiment profondément cette appellation, sans quoi la bataille du gel, devenue quasi-annuelle depuis dix ans, aurait eu raison de bon nombre d’entre eux.

La présence récurrente du gel s’explique par la situation de l’appellation : en étau entre la Loire et le Cher, l’humidité s’empare des coteaux alentours. Ce phénomène n’a rien de nouveau, mais comme dans beaucoup d’autres vignobles, c’est la violence du phénomène qui l’est, dû au débourrement précoce de la vigne, lui-même dû au réchauffement climatique et la recrudescence d’hivers doux.

Un immense terrain de jeu pour les accords mets et vins

Au regard de la grande diversité des vins de l’appellation, un repas entier au Montlouis est possible (en évitant quand même la côte de bœuf saignante au barbecue).

Avec par exemple en entrée un gravlax de sandre au safran de Touraine et une salade de courgettes acidulées (mets acides + vins tendus = souvent un très bel accord), suivi d’un suprême de volaille frotté au curry, houmous et pois chiches, et enfin des mirabelles pochées à la verveine et au citron, biscuit amandes.

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Découvrez tous les vignerons de l’appellation ici, et surtout, bonne dégustation et/ou découverte !

Crédit photos : Pauline Gonnet

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