Cryptoblables, le nouveau ravageur de la vigne ?

Cryptoblables, le nouveau ravageur de la vigne ?

Il fait la une des revues spécialisées depuis environ 3 ans. On lui a même décerné un petit nom, le Crypto, qui ne le rend obligatoirement pas plus mignon...
Cryptoblables, qui est ce nouveau ravageur de la vigne ? Pourquoi est-il si méchant ? Comment en venir à bout ?

Cryptoblables, à qui a-t-on à faire ?

Désolée de briser un mythe bucolique, ce ravageur, Cryptoblabes gnidiella (pour les intimes), appartient à l’ordre des papillons, les lépidoptères.
Plus précisément, il entre dans la trop grande famille des vers de la grappe, ou tordeuses de la grappe, aux côtés des célèbres Eudémis et Cochylis.

En quelques mots, il s’agit d’insectes dont les larves s’attaquent aux baies de raisin, avant de se métamorphoser en papillons à l’âge adulte.

Le Crypto est originaire de l’arc méditerranéen. Les premiers dégâts ont été observés dans le Gard en 1999, puis en Provence et en Corse, où il a été identifié en 2018. Il est aujourd’hui préjudiciable pour l’ensemble des vignobles méridionaux, et plus largement dans la plupart des régions tempérées chaudes du monde, en Europe, Asie, Afrique, Amérique du Sud...

En effet, plusieurs stades de son cycle biologique sont favorisés par des températures clémentes ; Le gel hivernal réduit fortement les populations, 25 à 30 degrés sont optimaux pour la dynamique de ses vols.
Dans un contexte de réchauffement climatique, il apparaît d’autant plus important de connaître et d’apprendre à maîtriser ce ravageur parce qu’il pourrait bien s’étendre aux autres vignobles français...

Cryptoblables, pourquoi est-il si méchant ?

Bien que les recherches fassent rage sur le sujet, son cycle de développement n’est pas encore totalement élucidé, alors qu’il est primordial de connaître parfaitement son ennemi afin de pouvoir le combattre.

De plus, cet opportuniste se nourrit à tous les râteliers, il est polyphage. Plus de 80 plantes ont été identifiées comme pouvant être ses hôtes (ail, sorgho, blé, maïs, carotte sauvage, mûre, haricot, riz, rose, agrumes, néflier, grenadier, figuier, pommier...).

Dégâts de Cryptoblables sur baies de raisins - Crédit photo : laboratoire Natoli
Dégâts de Cryptoblables sur baies de raisins - Crédit photo : laboratoire Natoli

En comparaison avec Eudémis, qui est l’un des ravageurs les plus dangereux pour les vignobles méditerranéens, il a la capacité à coloniser plus rapidement la vigne. Les populations larvaires sont potentiellement plus élevées et il peut y avoir jusqu’à 5 générations de papillons entre mai et octobre (contre 3 à 4 pour Eudémis).

Les dégâts peuvent donc être considérables et surtout sur les raisins arrivés à maturité (voir notre article Comment sait-on qu'un raisin est mûr ?). Les larves, attirées par le sucre, perforent la pellicule des baies qui se vident alors de leur jus, favorisant ainsi l’installation du Botrytis, responsable de la pourriture grise.

Le Crypto peut donc engendrer de graves conséquences sur la quantité de la récolte, avec des pertes observées de plus de 50% en cas de fortes pressions, mais aussi sur la qualité. Le Botrytis pourrit les raisins et altère ainsi les mouts puis les vins.

Cryptoblables, comment en venir à bout ?

Des modèles de prévision des risques sont à l’étude, notamment en Italie, afin d’aider à positionner les traitements mais la tâche n’est pas aisée. Il est impossible de repérer les œufs (les femelles pondent sur la rafle à l’intérieur de grappes) et les piégeages sexuels en vue d’évaluer le début des vols ne sont pas toujours assez précis.

Heureusement, des insecticides spécifiques des vers de la grappe ont été autorisés depuis peu en viticulture conventionnelle et biologique, ainsi qu’une solution alternative de confusion sexuelle.
D’autre part, des mesures prophylactiques (voir notre article Qu’est-ce que la prophylaxie ?) afin de réduire les populations hivernales, limiter les cochenilles dont le miellat nourrit les jeunes larves et favoriser la biodiversité, aident à prévenir la propagation du Crypto.

Entre les incidents climatiques, la pression des maladies, les attaques des ravageurs, la culture de la vigne est loin d’être un long fleuve tranquille. C’est peut-être pour cela qu’elle est l’apanage de femmes et d’hommes passionnés...

Lisez aussi nos articles, Les maladies de la vigne et La vigne peut-elle attraper des virus ?

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