Furmint : le cépage royal

Furmint : le cépage royal

Le furmint est un des rares cépages de l’Europe de l’est dont le nom est familier des amateurs, bien que autres cépages hongrois soient nombreux.
Qualifié de vinum regnum, rex vinorum, soit vins des rois et rois des vins, ce cépage est connu pour être à l’origine du célèbre vin de Tokaj, dont Louis XIV, entre autres têtes couronnées, vantait déjà les mérites.

Né sous une bonne étoile

Les bonnes fées se sont toutes penchées sur le berceau du furmint.
Vigueur, résistance à la pourriture grise, structure, puissance aromatique, maturité tardive, remarquable vecteur de terroir, acidité et potentiel d’alcool et de sucrosité : à croire que les cieux s’étaient mis d’accord pour créer un cépage à l’avenir plus que prometteur.
Ses capacités en font en effet un cépage extrêmement polyvalent, capable de produire de superbes vins secs, liquoreux et même effervescents, au potentiel de garde indéniable.

Mais la perfection n’étant pas de ce monde, une dernière fée un peu moins angélique se pencha en dernier sur le berceau, et sans lui ôter toutes ces qualités, en fit un cépage un peu rebelle, qualifié de diable par certains professionnels, tant sa culture et son élevage comportent des défis et en font un cépage de vigneron.

Capricieux, sensible au gel et à l’oïdium, il est capable de produire le meilleur mais sous réserve d’une attention et d’un savoir-faire vigneron constant.

Hérédité et descendance multiple

Son origine géographique est encore incertaine. Goethe affirmait qu’il vient de Croatie, mais les ampélographes penchent plutôt pour la Hongrie, ou la région du Burgenland en Autriche (où il est nommé zapfner).
Son nom contient peu d’indices, car il serait un dérivé du latin, ou de l’italien, ou du vieux français forment, signifiant froment, en raison de sa couleur jaune dorée, évoquant le blé.
Côté génétique, il serait l’un des nombreux rejetons d’un père prolifique, le gouais blanc, qui a également donné naissance au chardonnay parmi ses 80 enfants recensés. Ce n’est qu’en 2017 que l’identité de sa mère fut révélée par le Dr Zoltan Bihari, de l’Institut de recherche de viticulture et œnologie à Tarcal (Hongrie), l’illustre inconnue alba imputotato, originaire de Roumanie.

Pas en reste, le furmint s’accoquina lui aussi à plusieurs reprises, et on lui prête la paternité du gamay, du riesling, de la muscadelle, et de son autre compatriote entrant dans la composition notamment du Tokay, le hárslevelü.

L’empire du furmint

Comme tout bon roi, le furmint règne sans conteste sur le cœur de son empire, la région de Tokaj où il est planté sur 66% de la surface de l’appellation, et par extension en Hongrie, où il occupe 8,8% des 46 000 hectares plantés en blanc du pays.
Il a toutefois établi quelques colonies par-delà les frontières magyars, notamment en Autriche dans son éventuel lieu d’origine, le Burgenland, en Slovénie et en Croatie. Le nouveau monde l’a également intégré de façon minoritaire dans ses rangs, comme l’Afrique du Sud et la Californie, sans oublier, côté vieux monde, sa présence en France comme cépage accessoire de l’AOP Palette.

Le tokay, ambassadeur du furmint

Pour Gabriella Orosz, hongroise installée en France, fondatrice de VinumRegnum (conseil en communication/événementiel dans le domaine du vin), le furmint mérite largement son titre de roi des cépages. Mais un roi sans princesse, ce n’est pas pareil, et s’il domine le tokay, c’est aussi grâce à la présence du hárslevelü, qui lui confère souplesse et notes épicées.

La région de Tokaj-Hegyalia comporte tout ce qui permet au furmint de révéler sa grandeur : peu de pluie, des étés chauds et secs, des rivières favorisant la formation de brouillards nécessaires au développement du botrytis (le fameux champignon sans lequel point de vins liquoreux), des automnes aux accents d’été indien parfait pour achever sa maturation tardive et des hivers froids.
Sans parler des sols volcaniques, parfaitement magnifiés par le furmint, formidable révélateur de terroir.
Fraîcheur, minéralité, acidité, sucrosité : la nature et la nature du furmint forment le mariage parfait pour donner naissance à un vin sublime.

Liaison franco-hongroise

Comme dans beaucoup de pays communistes, la viticulture a subi les soubresauts de la vie politique, à son grand détriment.
Ainsi la Hongrie perdit, sous la domination russe, une grande partie de ses viticulteurs comme de ses vignes, et la reconstruction de cette activité reprit dans les années 90. Avec une présence française assez marquée, comme dans la continuité de l’histoire d’amour entre Louis XIV et le Tokay.
Axa Millésime fut l’un des premiers à investir en Hongrie, suivi par d’autres vignerons comme par exemple Jean-Louis Laborde du Château Clinet (Pomerol), propriétaire du Château Pajzos qu’il acquit en 1991.

Nous vous conseillons de prendre rendez-vous pour 2024, pour la 2ème édition du festival Furmint février, qui s’est tenu pour la première fois en France à Paris, Lyon, Grenoble et Strasbourg. Co-organisé par l’Ambassade de Hongrie, l’Institut Liszt et Vinum Regnum, c’est une occasion unique de découvrir la richesse du furmint.

Lisez aussi notre article Cépage étranger : le Furmint

Publié , par

Vous aimerez peut-être


Nos derniers articles

Tout afficher