Grands Crus classés 1855 : Château Talbot, 4ème cru classé à Saint Julien

Grands Crus classés 1855 : Château Talbot, 4ème cru classé à Saint Julien

Bienvenue dans cette nouvelle escapade au cœur des grands crus classés en 1855. De nouveau à Saint Julien, aujourd'hui c'est au tour du magnifique château Talbot de nous livrer ses secrets.

Dans le panthéon des Grands Crus Classés, château Talbot jouit d'une image particulièrement forte. Il possède tous les attributs qui en font un cru parfaitement ancré dans son histoire et son terroir.

Une longue perspective de temps

A commencer par son nom, celui du connétable de Talbot : homme de guerre anglais bien connu pour avoir été défait à la bataille de Castillon en 1453.

Et dans la longue histoire du Château, il y a bien sûr celle de ses propriétaires. La famille Cordier peut s'enorgueillir de tenir la place depuis exactement un siècle. Une telle longévité familiale est devenue chose rare dans le Médoc.
Le très long travail de fond de la famille pour faire rayonner leur château explique sans doute la raison d'une telle notoriété.
Aujourd’hui, Nancy Bignon Cordier, son mari Jean-Paul, leurs enfants Philippine, Marguerite et Gustave Bignon perpétuent la tradition familiale à château Talbot.

Le terroir

Le particularisme d'une propriété viticole est bien sûr son terroir.
Là encore, le château joue dans la cour des grands avec une surface totale inhabituelle dans le Médoc de 100 hectares.
Extrêmement représentatif de l'appellation Saint Julien, il se situe tout en son centre sur une superbe terrasse de grave.
Très atypiquement, il comprend également 5 hectares dédiés à la production d'un vin blanc, le Caillou Blanc de Talbot.
Gérée avec rigueur et précision sur le long terme, la vigne donne son meilleur. Une autre de ses particularités est sa compacité. Il n'y a pas de secret, la qualité d'un vin provient d'abord de la vigne dont il est issu.

Les chais

Mais la raison de la réussite des vins de Talbot n'est pas qu'ici. Elle se tient aussi dans les chais : absolument remarquables.
Visionnaire, la propriétaire Nancy Bignon veut repositionner château Talbot dans son époque.
Elle entame une politique de grands travaux dont l'œuvre magistrale en est le nouveau chai à barriques.
D'un strict point de vue pratique, au regard des 100 ha de la propriété, ce nouvel espace de travail se doit d'abord être vaste.
Étendu sur 1500 mètres carrés, il peut accueillir 1800 barriques.
Entrer dans cet espace est littéralement bluffant...
Le soutènement de l'ensemble s'effectue par des piliers nombreux qui dessinent une forêt en reprenant chacun de façon massive la silhouette d'un cépage de vigne.
Ce bâtiment s'inscrit dans une politique globale de réorganisation de tous les lieux dédiés aux vins.

Jean-Michel Laporte, directeur général
Jean-Michel Laporte, directeur général

Jean-Michel Laporte, directeur général

A la barre de ce grand navire est désormais en place Jean-Michel Laporte, directeur général. Ingénieur agricole de formation, il a notamment dirigé le Château La Conseillante puis a été courtier en vin sur la place de Bordeaux. Un profil technico-commercial de haut vol pour propulser Talbot au sommet.

Le vin du château Talbot

Au cours d'une belle dégustation sur trois décennies, le vin a montré une identité parfaitement en adéquation à son lieu.
Le profil général est un vin tendu mais qui ne fait jamais dans l'excès malgré un caractère très académique. Il y a quelque chose de archétypal dans un profil définitivement Saint Julien.
Les arômes sont d'une assez bonne intensité, d'une texture tout en élégance, avec une forte attractivité.
Le caractère de ce cru classé est une remarquable capacité de résistance au temps, qui ne se trouve plus beaucoup de nos jours.
Le vin blanc n'est pas en reste, il est sensuel et rayonnant.

Le millésime 2018 signe le centenaire de l'acquisition de la propriété par les Cordiers. Une étiquette commémorative lui a été dédiée.
Ce millésime marque très nettement un prodigieux bon en avant pour la propriété. Il reprend bien tous les éléments constitutifs du genre Talbot. Il se différencie par des strates ajoutées et le vin gagne considérablement en consistance et en onctuosité.
Un exercice de style chirurgical magnifiquement réussi. Un rapport prix / plaisir / investissement incomparable dans le monde des grands crus classés.

Loïc Siri en dégustation
Loïc Siri en dégustation

La dégustation

Château Talbot 2003

Très intéressant dans le style du millésime, pas fatigué, sans doute le chant du cygne, une texture soyeuse, des tanins encore présents : à son pic, à boire d'ici à 5 ans avant qu'il ne perde du corps et se dessèche.

Château Talbot 2016

Le nez s'ouvre d'une façon très expansive sur des fruits noirs et glisse doucement vers des arômes musqués. La bouche est plus académique dans le style Saint Julien. Tout se joue sur la longueur avec une bonne consistance et des tanins qui restent gras et pas anguleux. Le caractère principalement attractif est la fraîcheur donnée par une vraie vivacité presque minérale. Au top et en phase plateau pendant 7 ou 8 ans.

Château Talbot 2011

Le nez se donne avec aisance sur un mix de fruits rouges et un peu de fruits noirs, toujours agréable, bonus dans ce millésime. Cette impression de coulis se retrouve en finale. En bouche, avant d'atteindre un coup de gong vivacité / tannins réussi, l'ensemble est un petit peu moins sexy. La barrique est sur des notes toastées café.

Château Talbot 2010

Très dynamique, puissant, mais sans avoir un niveau d'alcool typé changement climatique avec seulement 13,5 de degrés. Les fruits noirs sont imbriqués avec des notes de laurier. Bouche : on n'est pas sur ce dynamisme mais sur une sensualité avec de la sucrosité.
Les séquences s'enchaînent en s'accélérant pour arriver sur une finale parfaite, taillée dans le marbre.

Château Talbot 2014

Le nez est de belle facture, un cocktail de fruits et de bois. La bouche rigoureuse porte loin mais est encore jeune. Pour l'avoir dégusté il y a 1 an je pense qu'il n'est pas dans un cycle expressif maintenant.

Château Talbot 2016

Il a le nez spontané expressif des grands millésimes. Des fruits rouges mûrs mais pas sur-mûris avec des notes de toffee. Arrivent bien positionnées en deuxième temps des notes de boisé. Aussi, en bouche les séquences s'enchaînent avec une rigueur absolue. L'extraction est assez poussée mais se combine très bien avec l'identité du millésime.

Château Talbot 2018

Un cap immense est franchi sur ce millésime. Les bases de la rigueur de Talbot sont évidemment présentes. Cette structure est accompagnée d'une sensualité incroyable, couvrante et remplissante. Un beau, un très beau "bébé". N'en déplaise aux puristes de l'académisme bordelais, ce château est entré dans le 21e siècle.

Crédit photos : Loïc Siri

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