L’épopée vigneronne de 4 filles sur les routes du vin en Europe

L’épopée vigneronne de 4 filles sur les routes du vin en Europe

Après avoir parcouru 14 pays, les Worldwine Women – 4 étudiantes à la tête bien faite – nous racontent leur odyssée ! Pendant 4 mois, elles ont questionné les pratiques écologiques et la place des femmes dans la viticulture. Récit d’un voyage initiatique à la découverte de l’Europe viticole.

Manon, Zoé, Elisabeth et Sophie devant Betty dans le Tokaj - Crédit photo : Worldwine Women
Manon, Zoé, Elisabeth et Sophie devant Betty dans le Tokaj - Crédit photo : Worldwine Women

D’une amitié née il y a 4 ans, alors qu’elles étaient en classes préparatoires, et d’un goût partagé pour la science et le vin, a germé un projet itinérant sur les routes d’Europe. Fin août-début septembre 2020, Manon Vichot, Zoé Heninger, Elisabeth Auzias et Sophie Lei – qui suivent un cursus en écoles de commerce, d’ingénieur et à l’ENS – sont parties au volant de leur authentique Betty, un vieux Combi Volkswagen, à la découverte des vignobles d’Europe. Nous sommes toutes sensibilisées aux enjeux environnementaux et nous avions l’envie de faire une pause dans nos études. Après avoir travaillé un an avec des chercheurs, nous avons réalisé que les femmes étaient surreprésentées dans les initiatives écologiques viticoles. Nous voulions partir à leur rencontre pour questionner leurs pratiques et leur place dans le monde du vin, en mettant à profit nos compétences respectives, commence Elisabeth, notre interlocutrice. L’étude sociologique, qu’elles ont menée en partenariat avec l’INRAE au cours de leur périple, aboutira à la rédaction d’un guide de l’innovation, un précieux outil au service de la recherche environnementale ! Tout leur roadtrip fera, quant à lui, l’objet d’un documentaire qui sera diffusé le 18 mai au grand public. De ces rencontres intenses et de leurs constats écologiques sur le terrain, elles ont accepté de nous livrer – avec générosité – un avant-goût bien trempé.

En van à travers les vignobles d’Europe

On a commencé par faire les vendanges fin août / début septembre en Bourgogne afin de mettre un peu d’argent de côté. Puis, nous sommes parties en Espagne pour récupérer la « Betty, notre van, le cocon et véhicule de notre périple ! », raconte Elisabeth. Après avoir sillonné la Catalogne et la Rioja, elles traversent le sud de la France pour se rendre en Italie (Piémont, Toscane, Ombrie, Veneto).

Elisabeth, Zoé (en haut) Manon et Sophie (en bas) vendangeant en Bourgogne - Crédit photo : Worldwine Women
Elisabeth, Zoé (en haut) Manon et Sophie (en bas) vendangeant en Bourgogne - Crédit photo : Worldwine Women

Cap ensuite sur la Côte adriatique (Slovénie, Albanie, Croatie, Monténégro) puis la Macédoine, la Bulgarie, et la Turquie. Stoppées par la crise sanitaire, elles doivent renoncer à sillonner la Grèce et la Géorgie. À regrets ! Leur retour s’effectuera par la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche et aussi la Suisse. Soit 15 000 kms au compteur, à travers 14 pays en 4 mois. On a visité autant de garages que de vignobles, s’amuse Elisabeth qui s’étonne également de l’entraide dont elles ont bénéficié. 4 filles dans un van… Certains se sont fait un peu de souci au départ, mais nous voulions prouver que tout le monde est capable d’apprendre et qu’il ne faut pas avoir peur d’aller à la rencontre des autres !. A chaque halte, les jeunes femmes ont mis la main à la pâte : pigeage, vendanges, mise en bouteille… Nous passions jusqu’à deux jours sur place avec chaque vigneron (90% de femmes) afin de nous imprégner de leurs pratiques et de leur vision du vin.

La place des femmes dans les vignobles d’Europe

Le vin est un bon indicateur de développement, une manière de comprendre le pays dans son ensemble, explique la porte-parole des Worldwine women.

Zoé filme Nasan une vigneronne turque pleine d'énergie qui après une carrière d'ingénieur en Californie a créé son domaine, le château Nuzun dans la Thrace - Crédit photo : Worldwine Women
Zoé filme Nasan une vigneronne turque pleine d'énergie qui après une carrière d'ingénieur en Californie a créé son domaine, le château Nuzun dans la Thrace - Crédit photo : Worldwine Women

Sur la position des femmes dans les vignobles, elles n’ont pu que constater un certain décalage entre les pays. En France, en Espagne et en Italie, les femmes sont très nombreuses à reprendre et à piloter des domaines. Mais c’est aussi le cas en Turquie ! Nous avons rencontré un grand nombre de femmes cheffes d’entreprises. Ce qui n’est pas du tout répandu sur la Côte Adriatique comme en Slovénie ou en Albanie, où le statut de vigneronne est quasi inexistant. En Roumanie, en revanche, le communisme aurait eu une influence positive sur les discriminations. Les femmes sont sur un pied d’égalité, avec le même salaire que les hommes, note Elisabeth. Hormis les questions de genre, les vigneronnes sont moins exposées à la pression de la transmission. Elles ont repris librement le vignoble familial, par passion et par choix. De ce fait, elles nourrissent un rapport plus libre à leurs terres avec l’envie d’entreprendre des choses liées à l’environnement, par exemple. Et la maternité les a d’autant plus sensibilisées à ces choix écologiques.

Vers une viticulture plus durable en Europe ?

Au chevet des propriétés visitées, les 4 jeunes chercheuses ont fait un premier constat. Peu d’innovations technologiques ont globalement émergé face aux aléas climatiques. On a surtout recensé le retour à d’anciennes pratiques comme le foulage aux pieds, l’utilisation de pressoirs manuels ou l’utilisation de la traction animale, expliquent-t-elles.

Zoé, Elisabeth, Manon, Sophie devant leur fidèle Betty dans les vignes de Plovdiv, Bulgarie - Crédit photo : Worldwine Women
Zoé, Elisabeth, Manon, Sophie devant leur fidèle Betty dans les vignes de Plovdiv, Bulgarie - Crédit photo : Worldwine Women

Confrontées aux contraintes économiques, culturelles, historiques et politiques des vignobles, les Woldwine women n’ont pas élu un modèle idéal au fil de leur parcours. Mais : L’Espagne nous a impressionnées ! Nous avions l’image du pays des tomates cultivées en serre alors que, dans les vignes, c’est l’inverse. Il y a une véritable philosophie du vin, l’envie de pérenniser des plants anciens et des choix davantage écologiques qu’économiques. En Suisse, la biodynamie a le vent en poupe, avec – au cœur – une réflexion sur la synergie agricole. En Hongrie, c’est l’approche traditionnelle de la viticulture qui prévaut avec la volonté de développer les vignobles de chaque région pour les rendre plus attractives…

Un voyage inspirant et raconté avec beaucoup d’enthousiasme que l’on découvrira avec plaisir dans leur documentaire !
Pour en savoir plus et suivre leur actualité :
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