La confusion sexuelle, qu'est-ce que c'est ?

La confusion sexuelle, qu'est-ce que c'est ?

Le monde du vin est rempli de mots barbares difficiles à comprendre au premier abord pour la plupart des consommateurs. Aujourd'hui, je passe du côté viticulture pour vous éclairer sur un dispositif particulier qui s'est imposé dans le vignoble ces dernières année : la confusion sexuelle. Cette méthode biotechnique de lutte contre les parasites, en particulier les vers de la grappe, permet de perturber leur activité sexuelle afin de réduire leur population, le tout dans le respect total de l'environnement.

Comment ça marche ?

Commençons par de nouveaux termes singuliers : eudémis et cochylis. Ces derniers sont des espèces de nuisibles ravageurs de la grappe contre lesquels la confusion sexuelle est extrêmement efficace.

Le principe ? On installe de petits diffuseurs qui émettent des phéromones synthétiques. Plus précisément, une reproduction des phéromones utilisées par les papillons femelles pour attirer les mâles. On peut ainsi perturber le rapprochement des papillons, ce qui a pour conséquence une diminution du nombre d'accouplement et donc de la production d'œufs. Car ce sont ces eux qui seront par la suite à l'origine des chenilles qui ravagent la vigne. En plus de réduire considérablement le recours aux insecticides classiques, cette méthode a bien d'autres avantages : elle n'a aucun impact négatif sur la santé des utilisateurs, ne laisse aucun résidu sur les baies et agit dans le respect de l'environnement et de la faune auxiliaire.

Crédit Photo : Château Mangot : http://www.chateaumangot.fr/
Crédit Photo : Château Mangot : http://www.chateaumangot.fr/

Comment le mettre en place ?

Plus coûteuse qu'une protection classique, elle nécessite surtout un véritable travail de fond de la part des viticulteurs. Elle induit une lourde réflexion en amont, puisqu'elle ne peut être efficace que sur des surfaces de 5 hectares minimum. En dessous de cette superficie, la probabilité que des femelles fécondées venant de l'extérieur puissent pondre dans le vignoble est trop forte. Une problématique qui ne dérange pas les propriétaires de larges domaines mais peut rendre très compliquée la mise en place du dispositif pour les autres. Il n'est donc pas rare d'assister à la mobilisation de plusieurs viticulteurs pour protéger ensemble l'intégralité de leurs vignes. On compte généralement 500 diffuseurs par hectare, un diffuseur couvrant en moyenne une superficie de 20m2.

La technique, qui est homologuée en France depuis 1995, est considérée comme la méthode de lutte alternative la plus aboutie par de nombreux acteurs du secteur. Déjà bien implantée, elle est également un message d'espoir pour l'avenir du vignoble. En effet, l'IBMA (Association internationale des fabricants de produits biologiques) estime que d'ici d'ici 2020 70% des insecticides seront remplacés par les substances naturelles, phéromones, champignons, ou nématodes entomopathogènes.

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