Le Mas des Tourelles : le vin au temps des romains

Le Mas des Tourelles : le vin au temps des romains

Dans le Gard, à Beaucaire, le Mas des Tourelles vous ouvre les portes de son site d’archéologie expérimentale. Des vestiges d’ateliers de fabrication d’amphores découvertes sur les parcelles du vignoble à la visite de sa cave reconstituée comme il y a 2000 ans, partez à la découverte du vin antique.

Le Mas des Tourelles, un site gallo-romain de production de vin

Il faut se rendre à Beaucaire, à l’est du Gard, pour découvrir une véritable curiosité dans le paysage viticole, devenue une référence mondial scientifique dans le domaine de l’archéologie expérimentale. Le Mas des Tourelles, vignoble de 40 hectares, classé en appellation Costières de Nîmes, prend ses quartiers à l’emplacement d’un site antique de production de vin gallo-romain.
Et, plus précisément, sur un site majeur de fabrication d’amphores, les contenants les plus utilisés pour le vin à l’époque romaine ! Notre vignoble est en partie planté à l’emplacement d’une villa viticole d’époque romaine du 1er siècle. Cela veut dire qu’il y a 2000 ans, un vigneron travaillait sa terre et élaborait ses vins à l’endroit même où nous nous trouvons, explique Hervé Durand, le propriétaire du Mas des Tourelles.

Site de fouilles archéologiques et caves romaines, partez à la découverte du vin antique
Site de fouilles archéologiques et caves romaines, partez à la découverte du vin antique

Avec l’aide de la DRAC, une équipe d’archéologues continue à faire parler ce site antique que l’on peut admirer aujourd’hui au cours du parcours de visite gallo-romaine organisée au Mas des Tourelles. Succession de fours à cuire des amphores, tuiles, vaisselle, éléments en bois continuent de surgir des entrailles de la terre au fil des recherches…

Conscient de l’extraordinaire trésor enfoui au creux de sa propriété, Hervé Durand monte, il y a quelques décennies, un groupe de travail avec des œnologues qui s’essaient alors à traduire les textes de agronomes latins majeurs comme Palladius ou Pline l’Ancien. Avec le CNRS, ils se lancent dans un protocole de micro-vinification en jarres selon les recettes antiques, puis dans la reconstitution d’une cave grandeur nature telle qu’il y a 2000 ans. Rien de folklorique dans cette démarche puisque : Pour construire notre pressoir, par exemple, nous avons suivi à la lettre les explications de l’agronome latin Caton. Il s’agit d’un lourd pressoir à levier constitué notamment d’une poutre centrale d’un seul tenant mise en mouvement par un système de cordes et de treuils, l’ensemble arrimé à des socles en pierre, note Hervé Durand.

Un vignoble et une cave à la romaine au Mas des Tourelles

Pour parfaire la reconstitution historique, Hervé Durand s’est aussi initié à la plantation d’un vignoble romain, en parallèle de son vignoble classé en AOP Costières de Nîmes, avec des vignes grimpantes autour d’un piquet ou plantées en pergola. Les romains privilégiaient la plantation en vigne haute. Cela consiste à faire grimper les ceps sur une treille ou un arbre car, selon Pline l’Ancien, pour que la vigne produise du raisin, il fallait qu’elle soit mariée à un arbre. Mais cette hauteur du raisin rendait la vendange périlleuse car les ouvriers itinérants devaient se hisser dans les branches pour vendanger. C’est pourquoi, en contrepartie de leur travail journalier, on leur garantissait non seulement un salaire mais aussi une sépulture, note le vigneron.

De la cueillette du raisin à la vinification, le vignoble romain du Mas des Tourelles lève le voile sur des méthodes antiques
De la cueillette du raisin à la vinification, le vignoble romain du Mas des Tourelles lève le voile sur des méthodes antiques

Une fois les raisins récoltés à la main dans de grandes corbeilles en osier, ceux-ci étaient déversés dans un calcatorium, une cuvette dans laquelle les esclaves s’activaient pour les écraser avec leurs pieds, au son d’un joueur de flûte. Le travail se terminait avec le pressoir et une partie des jus était déversée dans des dolia, de grandes jarres enterrées aux 2/3 dans le sol et dans lesquelles s’effectuait la fermentation.
Pour conserver le moût fermenté, plusieurs méthodes ont été décrites par les textes antiques comme l’ajout de defrutum, un jus de raisin concentré par chauffage, d’eau de mer ou de plâtre…
Et pour renforcer les vins et les aromatiser on ajoutait des épices, du miel, de la résine, du sel, selon des recettes très précises. Un résultat que l’on peut découvrir au travers de la dégustation des trois cuvées romaines du Mas des Tourelles qui clôture le parcours de visite très instructif.

Dégustation de vins romains au Mas des Tourelles

Les romains buvaient du vin pendant les repas, mais seulement entre chaque plat. Aucun texte n’évoque le mariage des mets et des vins ! Généralement, ils le coupaient avec de l’eau chaude ou glacée, explique Hervé Durand.

Ces 3 vins du Mas des Tourelles reconstituent des recettes consignées par les agronomes et naturalistes du 1<sup>er</sup> siècle
Ces 3 vins du Mas des Tourelles reconstituent des recettes consignées par les agronomes et naturalistes du 1er siècle

A découvrir dans le cadre de la visite :

- La cuvée Mulsum, un vin qui mêle le miel et les épices, très apprécié au gustatio ou apéritif.
- Le Turriculae, cuvée au style oxydatif, a été vinifiée selon les règles de Columelle, avec de l’eau de mer.
- Fermenté avec du defrutum, le vin doux Carenum dévoile une surprenante couleur ambrée.

Un véritable voyage gustatif dans le temps que l’on peut entreprendre tout au long de l’année mais aussi le second week-end de septembre à l’occasion des vendanges romaines organisées au Mas des Tourelles.

Infos pratiques : Mas des Tourelles 4294, route de Saint-Gilles 30300 Beaucaire www.tourelles.com

Crédit photos : Romy Ducoulombier

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