Les écrivains et le vin : Marguerite Duras

Les écrivains et le vin : Marguerite Duras

Si je n’avais pas écrit je serais devenue une incurable de l’alcool. disait Marguerite Duras.

Elle naît en Indochine en 1914 sous le nom de Marguerite Donnadieu. Elle prend le pseudonyme de Duras du nom du village de Sud-Ouest où se trouve la maison de son père.
Résistante pendant la guerre 39-45, elle est chassée du parti communiste dès 1950 pour des rumeurs autour de ses fréquentations et de sa réputation. Elle s’engage pour des causes féministes comme la revendication du droit à l’avortement et publie son roman "Un barrage contre le Pacifique" qui sera adapté au cinéma par René Clément et qui manquera le prix Goncourt de peu. Elle signe également un manifeste contre la guerre d’Algérie. Elle participe de manière active au mouvement de mai 68.
"L’amant" en 1984 lui vaut le Prix Goncourt et fera l’objet d’un film réalisé par Jean-Jacques Annaud, véritable succès populaire. Marguerite Duras est également scénariste (pour "Hiroshima mon amour" par exemple) et réalisatrice ("India Song"…). Elle adapte plusieurs de ses œuvres pour le théâtre et écrit des pièces.

Écrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit.

Dans les romans de Duras, l’apéritif et le vin sont des moments clés du récit. On compte les verres à chaque heure du jour. Tantôt le bitter campari rythme les journées et les dialogues du roman "Les Petits chevaux" de Tarquinia et en devient presque l’emblème de ce roman de jeunesse. Tantôt le pastis, le chianti, le cinzano, le whisky et le cognac suivent la traversée du Yacht dans "Le Marin de Gibraltar".
Le vin, quant à lui, prend sa place dans "Moderato Cantabile" et rythme les dialogues entre les 2 personnages principaux dans le café de leur rencontre.
Elle écrit sur l’ivresse, mais aussi sur l’amour, la sensualité, la passion.
Elle est une véritable épicurienne qui écrira un livre de cuisine "La cuisine de Marguerite" où elle dévoile avec poésie sa recette de la soupe de poireaux par exemple.

En cuisine comme en littérature il y des choses qui ne s’expliquent pas

D’ailleurs saviez-vous que l’on parle de la minéralité d’un vin avec la première apparition de ce terme associé aux vins dans l'œuvre littéraire "Les Impudents" de Marguerite Duras en 1943 ?

Pour leur délier de la langue qu’ils retenaient d’habitude (comme si parler en semaine eût été pêcher), le vin d’Uderan faisait merveille, un vin blanc un peu sec, qui avait pris la saveur minérale des plateaux.

Ayant une forte addiction, l’alcool l’envoie en cure de désintoxication dans les années 60. Malheureusement sans succès. À la fin de sa vie, pendant l’écriture de "La maladie de la mort", elle avoue consommer jusqu’à 6 litres de vin par jour.
Marguerite a dit un jour à Yann Andrea, son dernier compagnon, à qui elle dédiera un roman : Je ne bois plus d’alcool, plus que du vin. Le vin n’est pas l’alcool.

Dans une interview donnée à Bernard Pivot en 1984, elle évoque son rapport à l’alcool : “L'alcool a été fait pour supporter le vide de l'univers, le balancement des planètes, leur rotation imperturbable dans l'espace, leur silencieuse indifférence à l'endroit de votre douleur. L'alcool ne console en rien, il ne meuble pas les espaces psychologiques de l'individu, il ne remplace pas le manque de Dieu. Il ne console pas l'homme. C'est le contraire, l'alcool conforte l'homme dans sa folie, il le transporte dans les régions souveraines où il est maître de sa destinée.”

Elle meurt le 3 mars 1996 à Paris.

De nos jours, elle reste une des auteures françaises la plus étudiée dans les lycées avec une trentaine de romans à son actif. Cette figure féministe est traduite dans plus de 35 langues et aura toujours eu à cœur d’écrire tout au long de sa vie.

Une cuvée Marguerite Duras existe en Côtes-de-Duras bien évidemment.

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