Les Mutations en Beaujolais

Les Mutations en Beaujolais

Si un vignoble français a bien ressenti la forte crise viticole qui a touché les vignobles européens durant cette dernière décennie, il s'agit très certainement du Beaujolais. Les éléments d'explications sont évidemment nombreux, mais ce qu'il est bon de retenir sont ces deux points : Premièrement, cette récession économique se termine et les marchés repartent à la hausse. Ensuite, elle a permis au vignoble Beaujolais de se transformer. Nous allons donc voir quelles mutations se sont opérées.

Des mutations techniques indispensables

Au regard des baisses des prix dûs à l'entrée de nouveaux acteurs, comme les vins du nouveau monde, il était impératif de se réformer pour continuer à exister. Des aides réglementées, délivrées par France Agri-Mer ont fait leur apparition, afin de restructurer tout le vignoble. Le but était ici de faire baisser les coûts d'un des seuls vignoble où les vendanges se font totalement à la main.

Cette aides ont permis un développement de la mécanisation : elles obligent à replanter de nouveaux cépages (chardonnay blanc, du gamay de bouze noir, cépage semi-teinturier ou encore du gamay de chaudenay noir), avec un écart minimum de deux mètres entre les rangs.

L'apparition du chardonnay et donc d'une nouvelle gamme de vins blancs a par la même occasion fait son apparition, ainsi que des crémants de Bourgogne et des rosés. De quoi être plus armé pour attaquer les marchés.

Enfin, l'enherbement (herbe dans les rangs entre les vignes) a été rendu possible, ce qui a permis de limiter l'utilisation de produits phytosanitaires, d'aller vers une meilleure aération de la vigne. En supprimant les herbicides, un premier pas était donné vers la conversion à l'agriculture biologique, tendance qui touche le Beaujolais comme tous les vignobles français.

La jeunesse commence à prendre la main.

La majorité des viticulteurs du beaujolais ont plus de cinquante ans, ce papy boom a eu un impact sur le manque de main d'œuvre de la région soulignait il y a peu François Roth, directeur adjoint de l'Union des vignerons du Beaujolais, dans la Revue des Vins de France.

Une génération prend sa retraite, celle qui a réussi à donner sa renommée mondiale au Beaujolais, notamment grâce aux Beaujolais Nouveaux ainsi qu'aux crus. Les cartes sont dorénavant dans les mains de néo-vignerons, jeunes. Profession longtemps boudée par la jeunesse beaujolaise, faute de rentabilité, elle gagne de l'attrait depuis quelques temps.

Cette génération arrive avec des idées neuves et certaines convictions plus en adéquation avec le marché. Et parfois, ces idées viennent de loin ! En effet, ces jeunes vignerons ne sont pas forcément issus d'une famille viticole, et ont parfois eu une première carrière. Lassés du manque de sens de leur ancien emploi, ils reviennent à la terre et peuvent acquérir facilement des vignes en Beaujolais. Ils apportent de la fraîcheur dans les vins, mais aussi dans la commercialisation, le marketing et le passage au bio.

Les associations de producteurs

Les associations de producteurs se multiplient et s'unissent parfois dans des manifestations, telle que la BBB, pour Bien Boire en Beaujolais : 5 associations de producteurs beaujolais ( Beaujoloise, Biojolaise, Beaujol'Art,Beaujol'All'Wines et le petit nouveau : Les Gamays Chics) co-organisent cet événement chaque année, avec au programme, la découverte de la large palette de vins. Un vent de fraîcheur fait respirer ce vignoble, longtemps en retrait sur le plan de l'oenotourisme.

Avec l'édition d'un guide Lonely Planet dédié à ce territoire, le tourisme viticole est amené à se développer. Cela devrait prendre rapidement tant le vignoble le plus pentu de Francen'a rien à envier à quiconque. On l'appelle même parfois, la petite Toscane, c'est dire !

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