Les Quilles du Sud : Des vigneronnes dans le vent !

Les Quilles du Sud : Des vigneronnes dans le vent !

Elles sont cinq vigneronnes animées par la même passion de leur terroir et de leur identité occitane. Françoise Antech-Gazeau (Limoux), Françoise Ollier (Faugères), Emmanuelle Schoch (Cévennes), Cathy Sisqueille (Roussillon) et Fanny Boyer (Costières de Nîmes) sont réunies au sein du collectif Les Quilles du Sud, émanation des Vinifilles (collectif de 21 vigneronnes qui mutualisent les transports, les distributions de commande et les achats de matériel notamment) . Ensemble, elles prônent la bienveillance et l’entraide par le biais d’une communication commune mais pas seulement… Toutlevin a passé 48 heures réjouissantes à leurs côtés. Revue d’effet kiff !

Emmanuelle Schoch, Françoise Antech-Gazeau, Cathy Sisqueille, Fanny Boyer et François Ollier (de g. à d.) - crédit photo : Les Quilles du Sud
Emmanuelle Schoch, Françoise Antech-Gazeau, Cathy Sisqueille, Fanny Boyer et François Ollier (de g. à d.) - crédit photo : Les Quilles du Sud

T’as le look, Coco ! La référence à ce tube des années 80 ne vous a sûrement pas échappé… Pourtant, ce Coco-là n’a pas la même origine. Avec sa toison dense et longue qui lui recouvre les yeux et ces cornes qui s’étirent vers le ciel, cette vache Highland a quitté son Ecosse originelle pour prendre résidence dans les vignes de Cathy Sisqueille, à Canet-en-Roussillon. Accompagné de Franck, son autre pote à frange, ils sont devenus les mascottes et les débroussailleuses officielles du Château de Rey, un domaine de 40 ha dominant les étangs littoraux et la Méditerranée. C’est d’abord là que toute la bande des Quilles du Sud s’est retrouvée en ce mois de février pour un périple haut en couleurs. Il y a une super énergie commune entre nous, explique la propriétaire des lieux. Il était évident qu’il ne s’agirait pas que de relations de travail entre nous. Mais comment ces cinq femmes, vigneronnes aux quatre coins de l’Occitanie, se sont-elles retrouvées sous la même entité ? On s’est d’abord connus par les Vinifilles et les affinités se sont créées, détaille François Antech-Gazeau de la Maison Antech, à Limoux. Aujourd’hui, on est devenues des sœurs de cœur ! Il suffit d’ailleurs de passer quelques heures avec la joyeuse troupe pour comprendre : ces cinq-là étaient faites pour se rencontrer.

A lire également : Les initiatives qui soutiennent les femmes du vin

Une question de solidarité, d’entraide et de bienveillance

Les mascottes Coco et Franck en plein débroussaillage dans les vignes du Château de Rey - crédit photo : Yoann Palej
Les mascottes Coco et Franck en plein débroussaillage dans les vignes du Château de Rey - crédit photo : Yoann Palej

Après la revue d’effectif des vins du Château de Rey, rendez-vous est donné au restaurant Vigatane, temple de la cuisine catalane qui a pour devise "Aqui el vi es un remei !" (Ici le vin est un remède !).

Le ton est donné. A l’intérieur, Fanny Boyer se débat avec le fameux calçot, un oignon géant qu’il convient de manger avec les doigts mais qui demande une certaine dextérité. Les rires fusent. Voilà, c’est tout à fait l’esprit des Quilles du Sud : convivialité et bonne humeur, résume la vigneronne du Château Beaubois, un vignoble de 50 ha implanté au sud des Costières de Nîmes. A ses côtés, Emmanuelle Schoch du Mas Seren dans les Cévennes confirme : C’est tellement réconfortant de vivre sa vie de vigneronne en sachant que ses amies sont là pour un coup de main en cas de besoin. Car les coups durs sont légion dans la profession et chacune sait qu’elle peut compter sur l’autre. Bien sûr, on a créé ce collectif pour mutualiser notre communication envers la presse et les clients mais il est aussi question de solidarité, d’entraide et de bienveillance, prolonge Françoise Ollier du domaine Ollier-Taillefer, référence de l’appellation Faugères. Les différences sont une force dans un métier qui ne laisse pas beaucoup de place au doute. C’est pourquoi nous voyageons toujours en troupeau, plaisante Françoise Antech-Gazeau en savourant une cargolade. Les salons et les voyages de presse sont une vraie occasion de montrer que nous sommes complémentaires. Une pour toutes, toutes pour une en somme.

Il y a une grande admiration de chacune envers les autres

Cinq vigneronnes dans le vent… et la bonne humeur ! - crédit photo : Yoann Palej
Cinq vigneronnes dans le vent… et la bonne humeur ! - crédit photo : Yoann Palej

Après une halte iodée sur la plage du Canet, direction Carcassonne et le Chalet du chef étoilé Franck Putelat (Et oui, en plus d’être bonnes vivantes, elles sont fines bouches !). L’occasion de faire un tour de table de chaque domaine. Et de comprendre ce qui lie toutes ces femmes. Il y a une grande admiration de chacune envers les autres et beaucoup de similitude dans nos philosophies : être ambassadrices de nos terroirs en proposant des jolis vins, constate Françoise Antech-Gazeau qui a redonné ses lettres de noblesse au mauzac dans le berceau des vins effervescents. On a aussi beaucoup travaillé pour rendre la blanquette plus sexy et faire cohabiter la tradition et le modernisme. Après avoir avalé le filet de bar sauce albuféra du chef triplement étoilé, Emmanuelle Schoch, qui a créé le Mas Seren (11 ha) de toute pièce en 2009, prend la main pour conter son coin de paradis : Le terroir des Cévennes est fabuleux par ses contrastes. Je suis à la croisée des climats méditerranéens et continentaux, c’est rare dans le Languedoc. Cela donne des vins sur la délicatesse et la pureté. Autre dimension, autre terroir avec le Château Beaubois de Fanny Boyer (et de son frère François) qui surplombe les étangs de la Petite Camargue. Cela donne un côté très salin et iodé à mes vins, y compris sur les rouges, confie-t-elle en humant la pintade, sucrine braisée, tartelette langoustes et girolles.

On aime raconter le terroir…

Deux des étapes du périple de 48 heures entre Roussillon et Aude - crédit photo : Yoann Palej
Deux des étapes du périple de 48 heures entre Roussillon et Aude - crédit photo : Yoann Palej

A Fos, Françoise Ollier (bien épaulé par son frère Luc) a marqué l’appellation Faugères de son empreinte. A la tête d’un vignoble de 38 ha situé en altitude (jusqu’à 350-400 m), l’ancienne directrice du syndicat produit des vins expressifs : Chez moi, il n’y a pas de vins bodybuildés, le schiste apporte une fraîcheur incroyable aux cuvées et offre un sacré potentiel de garde ! Sur la route de la dernière étape de ce périple, la Barbacane dans la cité de Carcassonne, Cathy Sisqueille s’emploie à définir sa philosophie : On aime raconter le terroir et on a de la chance, il parle beaucoup. En plus, la situation géographique apporte minéralité et fraîcheur, ce qui donne des vins secs et doux empreint de diversité. C’est d’ailleurs ce qui fait la force de ce collectif où personne ne se marche dessus. Même la frange de Coco est épargnée…

Toutlevin a aimé (entre autres…) :

• Etincelle blanc 2021 du Mas Seren (Vermentino-Viognier)
• Sisquo blanc 2021 du Château de Rey (Grenache blanc-Roussanne-Maccabeu-Vermentino)
• Confidence rouge 2020 du Château Beaubois (Grenache-Syrah)
• M Le Mauzac 3.0 de la Maison Antech (100% Mauzac)
• Castel Fossibus 2017 du Domaine Ollier-Taillefer (Syrah-Mourvèdre-Grenache-Carignan)

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