Ma tribu médocaine : Latifa Saikouk, vigneronne du Maroc au Médoc

Ma tribu médocaine : Latifa Saikouk, vigneronne du Maroc au Médoc

Bienvenue dans ce nouveau volet de la série “Ma tribu médocaine”. J’y présente une galerie de portraits singuliers et attachants qui viennent contredire l'idée d’un médoc inhospitalier, qui subit aussi le "Bordeaux bashing".

En voici le quatrième volet, sans doute le plus incroyable de cette série sur les vertus humaines du Médoc.

La capitaine Saikouk

La pétillante Latifa commande un domaine de 9 hectares.
Partons explorer son univers.
Elle est une fille de la méditerranée, dont elle en revendique les arômes dans son vin. Sa famille marocaine est venue se créer une vie meilleure dans le médoc.
Voici racontée sa très authentique histoire. Le parcours à nul autre pareil de cette jolie personne médocaine, où s'entremêlent générosité, entraide, bienveillance.
Son royaume est situé sur les belles collines de deux magnifiques villages intemporels comme en compte le médoc : Saint Seurin et Ordonnac.
Une petite mer intérieure lovée au cœur de la péninsule où elle produit de très jolis jus : rouge (Médoc et Haut Médoc), blanc et rosé.
A force de bataille avec les éléments, elle s’est construit un château : justement dénommé le château Saikouk.

Un compte de milles et une vignes

Latifa est devenu la princesse des vignes. Mais son enfance, simple et joyeuse dans la ruralité viticole n’a pas été réellement princière. Depuis le berceau les rameaux du cabernet sauvignon et du merlot l’ont entourés.
Son père est ouvrier agricole dans plusieurs crus. Dans cette famille de 7 enfants, le seul revenu est celui du papa. Nécessité faisant loi, les mercredis après-midi et les weekend se passent à la vigne à aider. L'efficacité pédagogique est imparable.
Tous les gestes vignerons, tout le sens du sacrifice de tenir une vigne, enfant elle connaît déjà. Le gel, la pluie, la canicule ne peuvent plus lui faire peur.
A en juger par le sourire qu’elle arbore à l'évocation de ces souvenirs la vigne, la compagnie de ses frères et sœur devait être joyeuse.

A l’adolescence, elle continue ce régime extra scolaire avec les petits propriétaires du voisinage. C’est l’âge de l’argent de poche.
Pour consolider son expérience, elle passe un bac pro viticulture œnologie.
Un parcours à la dure, dont la seule séquelle qu’elle conserve est une très communicative joie de vivre.

Le blanc dans son rang de vigne
Le blanc dans son rang de vigne

La force d’attraction

Le métier de vigneron est singulier, il est souvent incarné par des caractères trempés dans le roc. La diversité et la dureté des compétences demandent de fortes personnalités.
Imaginez la dose de tempérament quand en plus de la dureté inhérente à la viticulture, vous rajoutez celui d’être une femme, d’origine maghrébine, dans l’enclavement médocain.
Pourtant tous ceux qui la connaissent sont sous le charme de l’empathie qu’elle dégage.
Une force d’attraction qui va rallier à elle les bonnes intentions.
Experte mais aussi surtout ataviquement passionnée par la question viticole, elle croise le destin de Jean-Pierre Dupuy.
Voisin propriétaire de quelques hectares, il la prend sous son aile. Il l’accompagnera dans son envol viticole jusqu’à lui financer ses études de viti-œnologiques et lui céder sa propriété en fermage.

Pour préparer cet article, nous sommes allés manger à la guinguette du coin. Le temps du déjeuner, entre les amis et les amis d’amis c’est une quinzaine de caisses de vin qui lui seront demandées.
Toute cette générosité se retrouve dans son vin.

Voilà le secret de Latifa, donner pour recevoir.

Le Médoc de Latifa
Le Médoc de Latifa

La force d’un tracteur

Les tracteurs, elle connaît. Petite, elle demandait à son père de la prendre sur ses genoux pour être au volant.
Ado, elle sait démonter les outils agricoles.
La qualité première de Latifa est une puissance de travail, motivée par la passion de la vigne.
Etape par étape, elle va construire le château Saikouk.
La première pierre sera une parcelle de 2,7 ha, le vignoble que son mentor M. Dupuy lui cède alors en fermage.
Dans les deux ans qui suivent, elle achète de la terre. Ce sont trois beaux hectares nus qu’elle va planter à la sueur de son front avec son frère.
En 2006, elle franchit un cap en s’affranchissant de la cave coopérative.
Une dernière acquisition en 2009 lui permet d’arriver à 9 ha, taille optimale pour elle.

Ces différents terroirs en Médoc et Haut Médoc lui permettent de s'éclater sur des vinifications différenciées.
Elle propose une gamme maline de quatre rouges, allant du vin des copains à une cuvée confidentielle.
Son étiquette emblématique est le château Saikouk version Médoc, habillée d’un fuschia rayonnant.
De son héritage méditerranéen, elle produit des vins au parfum du sud, pleins de vie.

Planter de la syrah dans le médoc ne lui déplairait pas, elle en est bien capable... Pour l’heure elle continue à s'éclater dans son métier de vigneronne avec de nouvelles productions.
Histoire de pas s’ennuyer elle élabore un rosé et un tout nouveau blanc qui fait fureur.

Quelque chose me dit qu’elle n’en restera pas là et qu’elle va mettre à profit tout son incroyable talent de vigneronne sur des projets étonnants.

Voilà l’histoire de Latifa.

Une belle rencontre, merci l’amie !

Crédit photos : Loïc Siri

Retrouvez tous les portraits de notre série Ma Tribu Médocaine !

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