Portrait : Anne-Laure Pellet, l'ambassadrice des vins du Roussillon

Portrait : Anne-Laure Pellet, l'ambassadrice des vins du Roussillon

On peut être économiste de formation, bardée de diplômes, avoir travaillé 15 ans chez Total et se retrouver directrice du Conseil Interprofessionnel des Vins du Roussillon (CIVR), c’est le chemin pour le moins original parcouru par Anne-Laure Pellet. A 41 ans, cette Montpelliéraine a vécu un double coup de foudre, pour son mari catalan et pour le département des Pyrénées-Orientales. Rencontre.

Il existe des parcours de vie qui ne ressemblent à aucun autre. Celui qu’a emprunté Anne-Laure Pellet est plutôt atypique, particulièrement dans un milieu viticole où la tradition et l’héritage familiaux ont encore la faveur des pronostics. C’est vrai que je ne viens pas du sérail (qui a l’expérience du milieu), précise cette jeune femme de 41 ans, mais parfois la vie nous emmène sur un chemin que l’on n’aurait jamais osé suivre….
Au commencement, une rencontre, celle avec son Catalan de mari il y a une dizaine d’années. Et rapidement la naissance d’une fille qui va lui faire quitter le monde de l’énergie et du pétrole pour de bon. Direction Perpignan. Sans regret. J’avais besoin d’un autre univers, d’un rapport à la terre, aux origines, d’un vrai changement de cap, ajoute-t-elle. Quand j’ai rejoint mon mari, un poste de responsable économie et analyse de marchés se libérait au Conseil Interprofessionnel des Vins du Roussillon, précise-t-elle. J’ai été recrutée alors que je ne venais pas du milieu, j’ai eu beaucoup de chance ! Ce sera donc le monde de la vigne pour cette épicurienne émérite, passionnée de gastronomie. Un de mes sports préférés, c’est d’aller au restaurant, plaisante-t-elle. En juillet 2019, elle prend le rôle de directrice et devient chef d’orchestre de la structure de promotion des vins du Roussillon. Mon rôle premier c’est de mettre en musique toutes les décisions prises par le conseil d’administration, claironne la mère de famille.

Dom Brial, la coopérative au cœur du label <q>Vignerons Engagés</q>
Dom Brial, la coopérative au cœur du label Vignerons Engagés

Le développement durable comme atout de promotion

Pas une mince affaire quand on connaît le manque de notoriété que subit la filière malgré un terroir unique et une qualité reconnue dans le milieu. On a un état sanitaire du vignoble qui est naturellement sain et c’est une vraie richesse puisqu’on traite beaucoup moins qu’ailleurs, poursuit-elle. Les Pyrénées-Orientales sont en effet un des départements français où l’utilisation de produits phytosanitaires est la plus faible. Aujourd’hui, 20% du vignoble est engagé dans une démarche agroenvironnementale et 18% est déjà en bio. Il faut en faire un véritable atout de promotion, avoue-t-elle. C’est un des axes sur lesquels elle a entamé sa mission il y a un peu plus d’un an. Même si la crise sanitaire a tout perturbé. Notamment une nouvelle identité lancée par la direction. On venait de débuter une campagne un peu provoc’ intitulée « Les Roussillons sont là !, on l’a lancé dès février pour le salon Wine Paris. » Et puis patatras. Mais c’est reculer pour mieux y arriver, positive la quarantenaire. Aujourd’hui, ses principales missions tournent autour du renforcement des ventes à l’export car le marché français est saturé. Le budget prévoyait notamment près de 50% de dépenses d’action promotion dédiés aux marchés étrangers (Chine, USA et Corée du Sud en tête). Signe d’une notoriété accrue loin de l’Hexagone, la Suède a élu le Roussillon comme région viticole de l’année en 2020.

Une des bouteilles références des Vins Doux Naturels du Roussillon, le Rivesaltes Grande Réserve 1969 !
Une des bouteilles références des Vins Doux Naturels du Roussillon, le Rivesaltes Grande Réserve 1969 !

Remettre les Vins Doux Naturels au goût du jour

Autre axe à travailler : redonner ses lettres de noblesse aux Vins Doux Naturels, véritable identité du patrimoine local. 80% de la production nationale des VDN est réalisé dans le Roussillon mais le marché est en grosse perte de vitesse, surtout chez la jeune génération. Avec les Banyuls, les Maury et les Muscats, on essaie de relever les défis des nouveaux modes de consommation, détaille Anne-Laure Pellet. Deux cocktails ont été créés pour redorer l’image un poil désuète de ces vins sucrés, plus vraiment au goût du jour. Le Riv’Tonic, mélange de Rivesaltes Ambré, de Tonic et de glace pillée, et le Muscat on Ice, sorte de vin frappé, allongé de glaçons, afin de faire ressortir la fraîcheur du produit. Mais personne n’oublie qu’il y a de vraies pépites chez les VDN, des vieux millésimes qui sont des produits rares et d’exception, des trésors du temps que certaines caves ont depuis la fin du 19ème siècle ! On voudrait mieux les valoriser pour en faire des produits de luxe dans des bars haut de gamme ou des lounges à cigares, insiste-t-elle. Et depuis quelques années, le Muscat de Noël marche très bien avec 500 000 cols par an en moyenne. Il s’agit du tout premier Muscat de l’année qui sort en novembre. Il est plus frais et on voudrait essayer d’en faire « le Beaujolais Nouveau du Roussillon », conclut la directrice du Conseil Interprofessionnel des Vins du Roussillon qui ne manque décidément pas d’idées.

Crédit photos : Yoann Palej

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