Portrait d’Aurore Günther, vigneronne aux vignobles Günther-Chereau

Portrait d’Aurore Günther, vigneronne aux vignobles Günther-Chereau

En couverture : Aurore Günther, vigneronne aux vignobles Günther-Chereau - Crédit photo Audrey Martinez (La WINEista)

Partons à la rencontre d’Aurore Günther, vigneronne aux vignobles Günther-Chereau dans l’appellation Muscadet Sèvre et Maine.

C’est une jolie fin d’après-midi ensoleillée qui sent bon les prémices du printemps, les ceps de vigne encore endormis ne demandant qu’à s’épanouir sur les coteaux bien exposés du Château du Coing. Une bâtisse majestueuse, typique du Val de Loire, édifiée sous Louis XIII.
Nous sommes sur la commune de Saint Fiacre sur Maine, au cœur de l’appellation Muscadet Sèvre et Maine, au confluent des deux rivières qui rafraîchissent la vigne de leurs rosées matinales.

Aurore est une fille du cru qui a grandi au milieu de ses vignes, sans pour autant se prédestiner d’emblée au métier de vigneronne. C’est l’univers de la parfumerie qui l’attirait à ses débuts, avant que les arômes du vin ne viennent l’enivrer. Au cours de ses études scientifiques en biochimie et biologie moléculaire, ses différents stages l’ont porté vers un autre métier passion, celui du vin. Elle a donc poursuivi son cursus en passant le diplôme d’œnologue.

Elle va fêter l’anniversaire de ses premières vendanges avec le millésime à venir. Dix ans déjà qu’elle a repris le flambeau des domaines familiaux, acquis par son grand-père, dans lesquels elle s’investit au travers des multiples tâches qui rythment la vie d’une vigneronne.

Portrait d’une jeune femme de caractère, fière de ses beaux terroirs du Muscadet et de ses vins qu’elle élève sur lies avec patience afin qu’ils puissent passer l’épreuve du temps et nous régaler sur nos tables.

La WINEista : Pourquoi le Muscadet fait-il craquer ?

Aurore Günther : Parce qu’on ne cesse de le découvrir ! Il y a une diversité incroyable de vins en Muscadet qui peuvent nous accompagner de l’apéritif au dessert. Des vins jeunes sur le fruit, d’autres plus vieux, des vins de garde (ndlr : voir notre article Comment reconnaît-on un vin de garde ?), de gastronomie. Le Muscadet est la plus grande région de blancs secs en Europe, on est sur un mono-cépage, le Melon B (ndlr : ou Melon de Bourgogne), qui s’exprime différemment sur un super patchwork de terroirs. On peut vivre non stop avec du Muscadet !

La WINEista  : Est-ce que vous pourriez envisager de faire du vin ailleurs qu’ici ?

A.G. : Je ne me suis jamais posée la question. Peut-être parce que ce n’est pas la peine que je me la pose...

La WINEista : Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?

A.G. : La polyvalence. On peut rencontrer du monde, accueillir des clients, être à la vigne, en cave, se mettre à la mécanique, voyager. J’aime travailler pour moi, c’est un vrai challenge de tous les jours.

La WINEista : Quel est votre moment préféré de la vigne à la bouteille ?

A.G. : Le contexte récent a changé la donne. Avant, j’aimais beaucoup le premier trimestre, la période de commercialisation en France et à l’étranger, les salons. Depuis qu’ils sont limités, j’ai plus le temps de travailler au vignoble. Cela m’a donné envie de rester davantage sur le domaine, de raisonner cette frénésie de déplacements.

La WINEista : Quel est le moment que vous redoutez le plus ?

A.G. : Bientôt ! Avril et mai, le moment où il y a des risques de gelées. Il faut dire que l’on a perdu 90% de la récolte en 2016, 2017 et 2019. Des moments très difficiles où l’on reste sans voix...

La WINEista : Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme dans la filière vin ?

A.G. : Pas vraiment... Je ne travaille pas avec des personnes que je n’apprécie pas. La question à se poser reste cependant si mon genre a eu une influence lors de ces relations qui ne se sont pas très bien passées... Je pense qu’il y a encore des difficultés, même si la situation évolue. Il faudrait qu’il y ait plus de mixité dans les différents domaines d’expertise, plus de femmes en production et d’hommes à la commercialisation.

Cuvée Château du Coing, Comte de Saint Hubert 2018, dans sa vigne d’origine - Crédit photo Audrey Martinez (La WINEista)
Cuvée Château du Coing, Comte de Saint Hubert 2018, dans sa vigne d’origine - Crédit photo Audrey Martinez (La WINEista)

La WINEista : Quelle bouteille ouvrez-vous après une journée de travail dans les vignes ?

A.G. : Un Muscadet classique comme notre Château du Coing. Un vin sur la jeunesse et la fraîcheur, désaltérant, avec des notes élégantes de fruits, d’agrumes, de fleurs.

La WINEista : Et avec quel plat ?

A.G. : En tout simplicité au cours d’un apéro convivial où l’on pose tout sur la table, des fruits de mer, des bons fromages, des supers jambons. Je l’aime aussi beaucoup avec des sardines grillées.

La WINEista : Quels sont vos projets pour votre domaine ?

A.G. : Convertir en bio l’ensemble du vignoble. C’est déjà un gros travail, notamment au niveau du sol et pour motiver les salariés qui sont là depuis longtemps.

La WINEista : Si je vous dis "partir en vrille" cela vous évoque quoi ?

A.G. : Je pars vivre au bout du monde sur une île de Nouvelle-Calédonie !

Merci beaucoup Aurore pour cet échange franc et passionné, et pour votre disponibilité au cours d’une journée bien remplie, tel que le veut le métier de vigneronne !

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