Portraits de Céline et Nathalie Lauret, vigneronnes au Château Les Armes de Brandeau

Portraits de Céline et Nathalie Lauret, vigneronnes au Château Les Armes de Brandeau

Partons à la rencontre de Céline et Nathalie Lauret, un super duo mère fille, toutes deux vigneronnes au Château Les Armes de Brandeau dans l’appellation Castillon Côtes de Bordeaux, pour une interview croisée de deux générations de femmes travaillant coude à coude dans leur domaine viticole...

Céline, la fille, et Nathalie, la maman, ont en fait des parcours assez similaires. Elles sont toutes deux originaires des coteaux de Saint-Emilion et de Castillon, elles ont baigné dans le métier depuis leurs premiers pas, elles ont voulu voler de leurs propres ailes, avant d’être rappelées par la terre de leurs ancêtres, autour de la trentaine, quand il a fallu prendre la relève. On ferme un commerce, on vend une entreprise, mais on n’imagine pas se séparer de nos racines, Nathalie Lauret.

Il suffit de fouler le sol de cette belle propriété de 45 hectares, où la biodiversité règne en maître entre étangs, forêts, jachères fleuries, écuries et 12 hectares de vignes, pour ressentir le lien fort entre ces vigneronnes à plein temps, cavalières à mi-temps, et leur Château Les Armes de Brandeau.

Voici deux personnalités rigoureuses et dynamiques, portées par leur complicité et leur passion commune...

La WINEista. Pourquoi l’AOC Castillon Côtes de Bordeaux fait-elle craquer ?

Nathalie Lauret : Parce que c’est une appellation à taille humaine, avec une jolie diversité de vins. Comme le dit le slogan de l’AOP, à chacun son Castillon, il y en a pour tous les palais et tous les budgets.
Céline Lauret. Sa diversité de terroirs me fait craquer, entre les coteaux, le plateau, la plaine, ici les cépages s’expriment différemment selon leurs implantations.

La WINEista. Qu’est-ce que Castillon Côtes de Bordeaux a de plus que Saint-Emilion ?

N.L. Elle a une âme vigneronne, ici les propriétés sont familiales.
C.L. Castillon est authentique, alors que Saint-Emilion est malheureusement devenue un décor de théâtre, une appellation inaccessible, qui n’est plus à l’échelle humaine.

La WINEista. Pourriez-vous envisager de faire du vin ailleurs qu’ici ?

C.L. Non !
N.L. Il y a des beaux terroirs partout, mais je ne suis pas sûre que je saurais faire du vin ailleurs.

La WINEista. Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?

C.L. Je suis une grande passionnée de jardinage et de cuisine, j’aime voir évoluer une plante, la récolter, puis la transformer en produit. J’aime la magie de la transformation d’une baie de raisin en vin.
N.L. C’est un métier de décisions, de prises de risques et de gourmands !

La WINEista. Qu’est-ce que vous redoutez le plus ?

N.L. La surcharge administrative, c’est de plus en plus compliqué !
C.L. Subir un événement climatique, comme la grêle, deux semaines avant les vendanges alors qu’on pense faire une super récolte. C’est tellement cruel ! (lire notre article https://www.toutlevin.com/article/vendanges-solidaires-du-coeur-face-aux-aleas-climatiques "Vendanges Solidaires" : du cœur face aux aléas climatiques]

La WINEista. Quel est votre moment préféré de la vigne à la bouteille ?

C.L. Les vendanges, c’est un moment tellement excitant !
N.L. Oui, c’est vraiment le moment charnière entre tout ce qu’on a fait et tout ce qu’on peut faire. La prise de risques est majeure, il faut sublimer ce que l’on a réussi à obtenir pendant le travail d’une année.

La WINEista. Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme dans la filière vin ?

N.L. Oui c’est difficile. Mais ça l’a été beaucoup plus quand j’ai débuté dans le métier. Il fallait réussir à s’imposer et j’ai su le faire. Heureusement qu’il y a de plus en plus de vigneronnes à Castillon, cela fait évoluer les mentalités.
C.L. Oui, c’est certainement plus difficile d’être une femme. J’ai vécu des situations où l’on ne se serait pas permis de me parler comme ça si j’étais un homme. Heureusement que j’ai du caractère.

Château Les Armes de Brandeau - Crédit photo Audrey Martinez (La WINEista)
Château Les Armes de Brandeau - Crédit photo Audrey Martinez (La WINEista)

La WINEista. Quelle bouteille allez-vous déboucher à Noël et avec quel plat ?

C.L. Ma cuvée Vinification intégrale 2015, un vin que j’ai vinifié intégralement en barriques, que j’ai pigé à la main, tout en douceur, c’est mon bébé. J’ai prévu de la marier avec des filets de pigeon accompagnés de marrons et légumes verts (voir notre recette de Pigeon farci aux châtaignes et purée de butternut si vous voulez tester cet accord mets et vin !)
N.L. Notre blanc avec des ravioles de langouste.

La WINEista. Si vous étiez un cépage, vous seriez lequel ?

C.L. J’adore la Syrah, son nom, son expression en bouteille. A priori, elle est difficile à cultiver, je n’aime pas les choses faciles...
N.L. Moi je serais du Cabernet Sauvignon, c’est détestable quand c’est jeune et plus il vieillit, meilleur il est !

La WINEista. Quels sont vos projets pour votre domaine ?

C.L. J’en ai plusieurs : rénover la jolie maison en pierre qui appartenait à ma grand-mère pour faire des chambres d’hôtes de charme, accueillir les scolaires pour des initiations à la nature et à la biodiversité, développer nos balades à cheval dans les vignes.

La WINEista. Si je vous dis partir en vrille cela vous évoque quoi ?

N.L. C’est faire n’importe quoi, ne pas assurer.
C.L. C’est d’avoir un moment de folie !

Merci beaucoup Céline et Nathalie de m’avoir fait partager ce bel instant empreint de vérité. Le Château Les Armes de Brandeau sera entre de bonnes mains avec Céline, qui a été élevée à bonne école...

En couverture : Céline et Nathalie Lauret, vigneronnes au Château Les Armes de Brandeau - Crédit photo Audrey Martinez (La WINEista)

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