Pourquoi le glyphosate est-il encore d’actualité ?

Pourquoi le glyphosate est-il encore d’actualité ?

Le glyphosate : voilà un mot qui suscite des débats animés depuis déjà plusieurs années. Qu’est-ce que le glyphosate ? Pourquoi est-il utilisé sur la vigne ? Pourquoi est-il décrié ? Peut-on s’en passer en viticulture ?

Qu’est-ce que le glyphosate ?

Le glyphosate est un herbicide foliaire (post levée), systémique, non sélectif. Il s’applique sur les feuilles des adventices, il migre rapidement jusqu’aux racines, il n’est pas spécifique d’une plante donnée. Il agit sur un mécanisme vital pour tous les végétaux, en bloquant la chaîne de synthèse des acides aminés essentiels à la photosynthèse.

Pourquoi est-il utilisé en viticulture ?

Les plantes adventices, appelées aussi mauvaises herbes, ne sont pas méchantes de manière intrinsèque. Elles sont nommées ainsi parce qu’elles peuvent être préjudiciables à la culture de la vigne : pertes de rendement, symptômes de stress hydrique, blocages de maturité.

L’enherbement des parcelles est essentiel afin de favoriser la vie microbiologique des sols, la biodiversité et de limiter l’érosion. En revanche, quand la vigne pousse, qu’elle doit nourrir ses raisins, elle a besoin d’eau et de nutriments. L’herbe peut être un redoutable compétiteur, notamment dans le contexte actuel de réchauffement climatique (lire notre article Changement climatique, comment les vigneronnes et vignerons s’adaptent à Dame Nature ?).

Le glyphosate est utilisé en viticulture afin de raisonner l’enherbement de la vigne, en complément du travail du sol (lire notre article Comment raisonne-t-on l'enherbement de la vigne ?).

Pourquoi le glyphosate est-il décrié ?

Le glyphosate est sous les feux de la rampe parce qu’il est l’herbicide le plus utilisé dans le monde. Il était produit uniquement par Monsanto, qui n’a pas bonne presse, sous le nom commercial de Roundup, avant qu’il ne tombe dans le domaine public en 2000.

Une multitude d’études ont été menées afin de connaître son impact sur l’être humain et l’environnement, sans arriver, à ce jour, à une conclusion tranchée quant à sa toxicité.
Il est classé comme cancérogène probable par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), jugé ni cancérogène, mutagène ou reprotoxique par l’Agence européenne des produits chimiques (Echa).

La Commission Européenne (CE) a prorogé son autorisation d’utilisation jusqu'au 15 décembre 2023. L’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (Efsa) doit publier le rapport final sur sa classification en juillet 2023.

En attendant que les différents experts tranchent, son utilisation est limitée en viticulture à 450 g/ha/an de matière active (au lieu des 2160 g autorisés auparavant).

Peut-on se passer du glyphosate en viticulture ?

Le glyphosate est le seul herbicide efficace contre les vivaces (liseron, chiendent, érigéron, morelle, mauve...), des plantes qui subsistent l’hiver dans les sols et qui sont très invasives.
En cas de récolte mécanique, l’érigéron, qui arrive à pousser au niveau des grappes, peut même engendrer des défauts aromatiques dans les vins (notes végétales, goût de punaise écrasée).

Le glyphosate permet de contrôler la flore avec des coûts maitrisés et moins d’interventions de l’être humain.

Le désherbage mécanique, donc sans utilisation d’herbicide, nécessite plusieurs passages du tracteur, surtout les années où les printemps sont pluvieux. Cela engendre l’utilisation d’énergie fossile, qui a un coût, et qui est défavorable au bilan carbone.

Les dernières restrictions de doses obligent les agriculteurs à combiner travail du sol entre les rangs et utilisation de glyphosate sous les rangs de vigne (seulement une application).
Des dérogations sont possibles sur les terroirs où la mécanisation est impossible (en pente, en terrasses, très caillouteux).

Dans les vignobles à problématique de flore difficile, une application supplémentaire d’herbicides est parfois nécessaire avec des prélevées, des produits appliqués avant que les adventices poussent, avant la levée des graines. Ils sont beaucoup plus persistants dans les sols que le glyphosate.

L’utilisation du glyphosate est clairement sur la sellette. Son interdiction potentielle n’engendrera-t-elle pas l’emploi d’herbicides potentiellement plus dangereux ? Le surcoût engendré par le désherbage mécanique, les baisses de rendement si celui-ci est difficile à mettre en œuvre, ne menaceront-t-ils pas la pérennité de certaines exploitations déjà fragilisées ? Les consommateurs sont-ils prêts à payer plus cher leur cuvée préférée ?

Toutes ces interrogations, ainsi que la complexité des études d’impacts du glyphosate expliquent peut-être pourquoi il est toujours d’actualité...

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