Qu’est-ce qu’un « buveur d’étiquettes » ?

Qu’est-ce qu’un « buveur d’étiquettes » ?

S’il y a un qualificatif qui est fort peu apprécié des amateurs de vin, c’est bien celui de buveur d’étiquettes... Mais qui se cache derrière cette expression que l’on peut souvent entendre sans la maîtriser ? Pourquoi les blâmer ? Pourquoi s’en priver ?

Qui sont ces fameux buveurs d’étiquettes ?

Le terme buveur d’étiquettes désigne les personnes qui ne choisissent une cuvée que parce que son étiquette est connue. C’est-à-dire les consommateurs qui achètent principalement des vins provenant d’appellations prestigieuses ou de châteaux à forte notoriété.

En tête des étiquettes les plus recherchées des buveurs d’étiquettes, on trouve bien évidemment les Grands Crus Classés de Bordeaux (Château Mouton Rothschild, Château Margaux, Château Petrus, Château d’Yquem...), les Grands Crus de Bourgogne (Romanée-Conti, Montrachet, La Tâche, Clos de Vougeot...), des champagnes de marque (Louis Roederer, Ruinart, Dom Pérignon, Bollinger...).

Dans un registre moins élitiste, il y a des noms qui sortent du lot dans des vignobles un peu moins renommés, Clos Rougeard (Saumur-Champigny), Domaines Ott (Provence), Domaine de la Grange des Pères (Languedoc), ou des appellations qui ont la côte (Châteauneuf-du-Pape, Côte-Rôtie, Saint-Émilion...). Des cuvées parfois confidentielles, qui ne sont disponibles que sur allocation, soit des volumes spécifiques accordées année après année à une poignée de particuliers ou professionnels triés sur le volet.

Pourquoi les buveurs d'étiquettes ont mauvaise réputation ?

En étant cantonnés à tout ce qui brille, les buveurs d’étiquettes se privent de la diversité car les grands noms ne sont souvent pas représentatifs des vignobles français. Par exemple, dans le bordelais, les Grands Crus Classés représentent moins de 5% de la production.
Qu’il est bon d’être surpris par un nouveau petit domaine, un terroir méconnu, un cépage singulier (lire notre article Qu’est-ce qu’un cépage autochtone ?). En effet, en restreignant leurs recherches, les buveurs d'étiquettes peuvent passer à côté de pépites incroyables.

De plus, l’analyse sensorielle d’un vin demande de l’objectivité et de l’humilité. En partant du postulat que l’étiquette fait tout, nos sens sont prédisposés à apprécier le vin qui se trouve dans la bouteille, donc parfois à le surestimer et à se surestimer. Une hypothèse qui a été testée à de nombreuses reprises lors de dégustations à l’aveugle mêlant crus réputés et domaines plus accessibles… Et qui en surprennent souvent plus d’un. Selon le vieil adage "l’habit ne fait pas le moine", les apparences sont parfois trompeuses. Même un grand château peut présenter des différences qualitatives selon les millésimes (lire notre article Qu’est-ce que l’effet millésime ?). De plus, un vin ne se goûte pas toujours bien selon son âge (lire notre article [lire notre article Comment reconnaît-on un vin de garde ?). Le monde du vin, par son impressionnante diversité, appelle à l’ouverture d’esprit afin d’en découvrir toutes les subtilités.

Pourquoi s’en priver ?

Il est relativement aisé de donner des leçons, de se sentir au-dessus de la mêlée, cependant n’avons-nous pas tous été un jour un buveur d’étiquettes ? Car même si nos papilles ont la curiosité de voguer vers de nouveaux horizons, nul n’est indifférent à un grand nom... Si ces belles étiquettes ont une telle réputation, ce n’est pas sans raison, c’est qu’elles peuvent friser l’exception. Il ne faut pas oublier qu’il y a, derrière le papier glacé, un savoir-faire haute couture et des terroirs uniques dont il serait fort dommage de se priver, tout en essayant de garder notre impartialité. Une fois encore, l’ouverture d’esprit est de mise pour vivre des expériences de dégustations inoubliables.

Peut-être suffirait-il que les buveurs d’étiquettes soient avant tout des buveurs de vins pour régler la question...

Lisez aussi notre article Faut-il se méfier des étiquettes extravagantes ? Et regardez notre vidéo sur le sujet !

Article mis à jour par Marie Lallemand.

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