Vendanger plusieurs fois par an, est-ce possible ?

Vendanger plusieurs fois par an, est-ce possible ?

Les vendanges touchent à leur fin dans la majorité des vignobles français. Après cette période forte en émotions, témoin du travail de toute une année, les vigneronnes et vignerons aux yeux cernés poussent un grand ouf de soulagement ! Seraient-ils partants pour recommencer ce branle-bas de combat dans seulement quelques mois ?
C'est pourtant ce qui attend leurs collègues des vignobles tropicaux ! Vendanger plusieurs fois par an, c'est possible. Mais où et comment ?

Le cycle végétatif de la vigne (voir notre article Le cycle de la vigne) se déroule tout au long d'une année, au rythme des saisons. Après un repos hivernal bien mérité, les ceps se réveillent au printemps, poussent fougueusement, leurs jolies baies mûrissent doucement pendant l'été, puis leurs feuilles tombent avec les premiers frissons.
Ceci est valable dans la très grande majorité des vignobles mondiaux, soumis à un climat tempéré, qu'ils soient situés dans l'hémisphère nord ou sud (bien que les saisons soient inversées). Mais que se passe-t-il sous un climat tropical ?

La physiologie de la vigne est orchestrée par un ensemble de processus complexes, régis par des hormones et des enzymes, qui sont dépendants de l'environnement (pluviométrie, rayonnement solaire, températures, éléments minéraux...).
Par exemple, à l'automne, l'arrivée du froid et la diminution de la durée du jour ralentissent la photosynthèse, dégradent la chlorophylle (d'où les changements de couleur), provoquant ainsi la chute des feuilles. Deux hormones, dont la synthèse est fonction de ces paramètres extérieurs, sont alors impliquées, l'auxine et l'éthylène. Dès que cette dernière prend le dessus, elle enclenche le repos hivernal.

Sous des latitudes où l'hiver n'existe pas, dans les vignobles soumis à un climat tropical, la vigne perd ses repères. Elle peut alors enchaîner 2 voire 3 cycles par an ! Comment est-ce possible ?

A l'origine, la vigne est une liane : elle demande à être domestiquée (voir notre article Pourquoi taille-t-on la vigne ?) afin d'assurer sa pérennité et de garantir la qualité de ses raisins.
Dans ces conditions particulières, elle nécessite une technicité encore plus poussée. Les vigneronnes et vignerons doivent user de subterfuges afin qu'elle puisse effectuer son cycle végétatif et/ou en enchaîner plusieurs. Un apport d'éthylène enclenche le processus de chute des feuilles et force le repos hivernal. Une taille en vert sévère provoque l'initiation florale. Les pluies et les forts taux d'humidité, favorables au développement des maladies (voir notre article Les maladies de la vigne lien), entraînent une protection phytosanitaire accrue (voir notre article Pourquoi traite-t-on la vigne ?)

C'est donc grâce (ou à cause) à une intervention importante de l'Homme que la vigne pousse en Colombie, Venezuela, Brésil, Thaïlande, Indonésie, Taïwan, Vietnam et même sur l'atoll de Rangiroa en Polynésie française.

Ces vignobles à haut coût écologique mais non moins insolites répondent-ils à un phénomène de mode ? Etanchent-ils notre soif de découvertes et de connaissances ?
Ils aideront peut-être demain les vigneronnes et vignerons français à trouver des solutions face aux impacts du réchauffement climatique sur la vigne et le vin...

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