Le bouchon a-t-il une influence sur le vin ?

Vieillissement, stockage, praticité ou encore durabilité… Saviez-vous que le bouchon utilisé pour renfermer une bouteille de vin peut avoir des répercussions sur la dégustation ? En liège, synthétique, en verre, à vis ou en liège aggloméré… Il existe 5 types de bouchon pour sceller les bouteilles de vin. Nous avons tous nos préférences mais l’un est-il meilleur que l’autre ? Plus qu’un simple obturateur, le bouchon doit aussi permettre de préserver la bonne évolution du vin. Découvrez leurs atouts, leurs limites et leurs enjeux.

Liège et vin : une association naturelle

Créé à partir de grandes plaques d'écorce de chêne/liège provenant en grande partie du Portugal, le liège reste aux yeux des consommateurs un matériau noble associé à un vin de qualité et élaboré dans la tradition.
Compressible, ce dernier possède aussi une élasticité et des propriétés naturelles. Sa porosité lui permet en quasi-totalité d’être perméable à l’air et donc d’éviter toute oxydation qui pourrait endommager le vin. Cependant, le bouchon en liège laisse toute de même passer une petite quantité d’oxygène dans le vin. Ainsi, lorsque la bouteille est conservée couchée, le vin vieillit en contact avec le liège. Cela permet au bouchon de ne pas se rétracter. Cette lente oxygénation apporte une certaine complexité au vin en faisant évoluer ses arômes et sa structure en bouche. Grâce à cette quantité d’air minime, le bouchon en liège permet aussi d’élimer les sulfites ajoutés lors du processus d'embouteillage. Le bouchon liège apporte donc de nombreux points intéressants.

Cependant, ce dernier possède également des inconvénients non négligeables puisqu’il faut compter environ neuf ans entre chaque récolte pour chaque arbre pour pouvoir récupérer à nouveau de l’écorce de liège.
Aussi, au fil des années, la compression du bouchon s’amenuise automatiquement. Le bouchon se rétracte et laisse alors passer davantage d’air. Ainsi, le bouchon en liège accélère l’évolution du vin au cours du temps. Ce qui peut être intéressant lorsque le but est de faire vieillir plus rapidement le vin. Néanmoins, les qualités organoleptiques peuvent aussi se dégrader et le bouchon peut se dessécher dès lors que la bouteille est conservée debout et donc subir une oxydation plus rapide. Le bouchon en liège interfère donc avec le contenu de la bouteille. Aussi, il faut savoir que le bouchon en liège est très hétérogène. Il est donc probable de retrouver des variations d’un bouchon à l’autre. Certains d’entre eux peuvent apporter ce que les dégustateurs, aux papilles les plus averties, appellent le goût de bouchon. Un problème non négligeable puisqu’on estime dans l’industrie du vin entre 5 et 10 % de bouteilles bouchonnées, c’est-à-dire infectées par le TCA (trichloro-anisole), une molécule aromatique qui développe une odeur de bouchon désagréable au goût de moisi rendant le vin inconsommable.

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Le "Diam" : une alternative pour rester fidèle au liège en réduisant les risques ?

Certains producteurs, fidèles au liège et désirant réduire le risque de voir leurs bouteilles infectées par la molécule de TCA, se tournent de plus en plus vers un bouchon produit à partir de particules de liège. Ces particules collées forment un bouchon de liège aggloméré que l’on appelle "Diam". Il s’agit d’un procédé de fabrication breveté.

Fabriqué à partir de liège naturel, le bouchon Diam apporte ainsi une certaine sécurité aux vignerons puisqu’il permet d’éradiquer les problèmes de pré-moisissure ou d'oxydation prématurée du vin. En effet, étant neutres, ces bouchons en liège permettent de maitriser les transferts d’oxygène et leur constance tout au long de la vie en bouteille. Aussi, ils sont les seuls à être libérés de molécules à l’origine de déviations organoleptiques. Déclinés en différents niveaux de perméabilité́, allant de Diam 1 à Diam 30, les vignerons disposent ainsi d’une palette de bouchons à l’aspect traditionnel qui s’adaptent à leur vin. Une solution alternative qui a conquis, dès 2014, le Domaine Leflaive qui a annoncé publiquement qu'il embouteillerait toute sa gamme Bourgogne blanc en de bouchons Diam afin d’éradiquer les problèmes de pré-moisissure ou d'oxydation prématurée du vin.

Le bouchon synthétique : une bonne imitation du liège naturel ?

Ayant jusqu’alors mauvaise presse, à cause de problème d’étanchéité ou de mauvaise odeur, les bouchons synthétiques créés à partir de plastique ont fait l'objet d'améliorations considérables depuis leur introduction.
Grâce à leur structure cellulaire interne d'alvéoles fermées, les nouveaux bouchons synthétiques imitent très bien la structure du bouchon de liège naturel.

Les bouchons synthétiques présentent aussi des avantages importants en induisant une transmission rapide de l'air dans le vin, puisqu’ils accélèrent de fait sa maturation. Un point non négligeable qui peut même se révéler être un atout pour certains vignerons qui cherchent à accélérer la maturité de leur vin.
Aussi, bien que certains bouchons synthétiques altèrent les qualités organoleptiques du vin, en laissant une odeur de produit chimique ou de caoutchouc, d’autres sont néanmoins très qualitatifs. Parmi eux, nous pouvons citer les bouchons "Ardeaseal" qui possèdent, tout comme "Diam", leur propre brevet exclusif et innovant. Ces derniers sont élaborés avec l’assemblage de trois composants distincts, ayant chacun sa propre tâche : le châssis, le bouclier et le corps.

Pour obtenir leurs performances, outre l’utilisation d'une nouvelle technologie, ces derniers ont été fabriqués à partir de techno-polymères adaptés. En effet, contrairement aux techno-polymères traditionnels, dérivés du pétrole ou du gaz naturel, ces derniers sont fabriqués avec du bio plastique. Ils sont aussi conçus pour obtenir plus de perméabilité, d’uniformité dans le temps et d’inertie chimique (absence d'interaction entre le contenu et les surfaces de la fermeture en contact direct). Une solution alternative qui semble conquérir pleins de nouveaux acteurs du vin.

Le bouchon à vis : un obturateur apprécié pour sa praticité ?

Plébiscité par certains consommateurs, la capsule à vis en aluminium conquiert de nouveaux marchés.
En effet, utilisés par la plupart des vignerons australiens, californiens et néo-zélandais, ces bouchons métalliques - munis d’une doublure à l'intérieur (collée au haut du bouchon) - séduisent de plus en plus les producteurs européens pour leur étanchéité. Ils renferment en effet complètement et parfaitement la bouteille de vin et assureraient même une meilleure protection des arômes.
Les capsules à vis sont aussi très appréciées pour leur praticité puisque la bouteille s’ouvre sans tire-bouchon et peut être facilement refermée.
Néanmoins, sans oxygène, il est difficile d’imaginer comment le vin peut vieillir dans le temps.

Le bouchon en verre : le nouvel allié des vins à rotation rapide ?

Inspirés du monde du parfum et du cognac, le bouchon en verre tel que le "Vinolok" est neutre et hermétique. Il a aussi l’avantage d’être d’une régularité sans faille.
Utilisé en France, principalement pour le rosé, mais aussi par de nombreux négociants en vin, le bouchon en verre est apprécié pour des vins à rotation rapide. Il n’est pas destiné à tous les vins et ne peut donc pas séduire tous les marchés. Néanmoins, il possède des avantages certains et conquiert de nombreux producteurs de vins natures, de vins fragiles et même certains vins blancs, à déguster rapidement, pour contrer justement leurs problèmes d’évolution.

Bouchons en liège, synthétique, en verre, à vis ou en liège aggloméré, il existe donc plusieurs méthodes avec des avantages et des inconvénients. Tout est, en fait, une question de préférence, de marché et de produit.

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