Le désherbage : techniques et enjeux en viticulture

Le désherbage : techniques et enjeux en viticulture

Le désherbage est une pratique essentielle pour entretenir un vignoble. En effet, les mauvaises herbes peuvent concurrencer la vigne pour les ressources en eau, en nutriments et en lumière. Différentes stratégies peuvent être mises en œuvre par le vigneron selon ses objectifs et selon le cahier des charges auquel il est soumis (bio, biodynamique…).

Le désherbage chimique pour protéger les vignes

Historiquement, le désherbage chimique a été la méthode prédominante pour contrôler les adventices (le nom technique des mauvaises herbes). Très efficaces, on sait aujourd’hui qu'il peut causer des ravages sur l’environnement et sur la santé, le glyphosate en tête. L’industrie chimique cherche à limiter la nocivité de ces produits en en développant des toujours plus spécifiques, qu’il est possible de combiner avec d'autres techniques pour minimiser les impacts négatifs.

Mais certains vignobles aux côteaux trop escarpés ne peuvent pas se passer du désherbage chimique (à moins d’y aller à la pioche, un travail éreintant que peu de vignerons s’imposent).

Deux parcelles dans le muscadet un lendemain de pluie : celle de gauche est désherbée chimiquement, celle de droite favorise l’enherbement - Crédit photo : Leslie Brochot
Deux parcelles dans le muscadet un lendemain de pluie : celle de gauche est désherbée chimiquement, celle de droite favorise l’enherbement - Crédit photo : Leslie Brochot

Le désherbage mécanique au service des vignerons

Le désherbage mécanique est devenu la principale alternative au désherbage chimique. Cette méthode nécessite un investissement au début dans divers outils et machines pour enlever les mauvaises herbes sans produits chimiques. Les interceps, les lames bineuses, et les brosses sur axe horizontal sont quelques exemples d'outils utilisés. Par rapport au désherbage chimique, le désherbage mécanique requiert davantage de main d'œuvre et davantage de temps de travail, en plus des achats initiaux. Ce n’est donc pas un choix anodin de la part du vigneron.

Un autre avantage vient avec le désherbage mécanique, en plus de la réduction des résidus chimiques : une amélioration de la structure du sol sur les premiers centimètres, favorisant le développement de la vie.

L’inter rang a été désherbé, mais il faut une machine spécifique pour désherber sous les vignes : l’intercep - Crédit photo : Dalkia Loves Wine
L’inter rang a été désherbé, mais il faut une machine spécifique pour désherber sous les vignes : l’intercep - Crédit photo : Dalkia Loves Wine

Une autre solution : le désherbage thermique

Le désherbage thermique est une autre technique, qui consiste à détruire les adventices au moyen d’un choc thermique. Il peut s’agir de faire passer des faisceaux de feu dirigés, de l’eau bouillante, de la vapeur brûlante... Cette méthode est efficace mais absolument pas sélective, elle affecte tout type de vie présent dans le faisceau, végétale ou animale. De plus, c’est une catastrophe environnementale : elle requiert énormément d’énergie pour être mise en place et émet une grande quantité de dioxyde de carbone.

Entre enherbement et paillage

L’enherbement, qu'il soit naturel ou semé, est une pratique qui se généralise. Cette méthode peut aussi aider à prévenir l'érosion et à augmenter la biodiversité dans le vignoble.

Le paillage, quant à lui, utilise des matériaux organiques (plus rarement synthétiques) pour couvrir le sol autour des vignes. Le double avantage est que les adventices n’ont plus accès à la lumière du soleil pour se développer, mais aussi que le paillis mis en place limite l’évaporation de l’eau et maintient un sol un peu plus humide.

Biocontrôle et innovations technologiques

Le biocontrôle utilise des agents biologiques pour lutter contre les adventices. Il s’agit notamment d’utiliser des champignons, des insectes ou d'autres organismes pour contrôler les populations de mauvaises herbes. Bien que prometteuse, ces méthodes nécessitent encore des recherches pour être optimisées à grande échelle.

Du désherbage chimiques au désherbage mécanique

Les agriculteurs privilégient des méthodes de plus en plus plus douces pour l'environnement et pour leur santé. Lors d’un passage en agriculture biologique, le cahier des charges interdit l’utilisation de produits chimiques. Souvent, il s’agit du point le plus difficile à maîtriser pour les vignerons habitués à traiter chimiquement.

En effet, l’absence de concurrence dans les vignobles conventionnels permet aux vignes de développer leurs racines très proches de la surface, là où lorsqu’une concurrence, même faible, est maintenue, les vignes sont obligées de puiser leurs ressources plus profondément. Le risque est que les premiers désherbages mécaniques détruisent ces racines de surface, fragilisant la plante sur les premières années de transition

Le robot Te de Naio Technologies, en action au Domaine de la Bouche du Roi - Crédit photo : Naio Technologies
Le robot Te de Naio Technologies, en action au Domaine de la Bouche du Roi - Crédit photo : Naio Technologies

Les stratégies de désherbage choisies par les vignerons sont loin d’être des détails tant leur impact environnemental pèse dans la balance. Les techniques évoluent chaque jour un peu plus, depuis l’utilisation de drônes pour asperger les vignobles difficiles d’accès, au développement de robots capables de désherber mécaniquement en toute autonomie.

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