Les vins de Suède

Les vins de Suède

Reconnue comme producteur viticole par l’UE en 1999, la Suède affiche une filière de plus en plus dynamique et une production de qualité, notamment de blancs et d’effervescents.
La surface de plantation a doublé en 3 ans (atteignant les 150 hectares, contre 750 000 en France), et quasiment autant en volume en 5 ans (passant de 19 380 à 35 000 hectolitres de 2017 à 2022).
Parallèlement, l’œnotourisme se développe, augurant d’années lumineuses pour le vin né sous les latitudes scandinaves, à l’image des cuvées effervescentes très réussies d’Anna et Niclas Albinsson, néo-vignerons suédois.

Anna & Niclas - Crédit photo : Niclas Albinsson
Anna & Niclas - Crédit photo : Niclas Albinsson

Repartir de zéro

Quand on fait du vin, on cherche les problèmes. Ce n’est pas un business facile.
Avides de nature, de retrouver le parfum de son enfance passée à la ferme pour lui, ils quittent Stockholm en 2012 et choisissent ce petit coin de calme (ce qui, en Suède, sonne comme un pléonasme), et décident que cette ancienne ferme dormant tout proche des rives du lac Tåkern, en plein milieu du sud du pays entre l’orientale Stockholm et l’occidentale Göteborg, sera leur domaine.

Crédit photo : Pauline Gonnet
Crédit photo : Pauline Gonnet

C’est lors d’un séjour dans un agriturismo en Italie que le projet a été conçu. Séduits par le concept, ils se prennent à rêver de le dupliquer chez eux. Déjà pourvus d’une vision d’un métier (au sens propre puisque Niclas a beaucoup travaillé en tant que photographe pour de grands producteurs de vin), ainsi que du style de vin qu’ils souhaitent produire, le couple embarque ses ambitions et leur benjamine entre champs de blés et forêts étendues, rénove le bâti existant, plante des rangs de solaris, crée un chai, transforme l’étable en restaurant, le poulailler en salle de dégustation, des chambres d’hôtes, un jardin, une serre.
Ce n’est pas en une génération que l’on va devenir riche, mais on voulait créer quelque chose qui soit durable, dans tous les sens du terme, pour nos enfants, petits-enfants, et être les plus autonomes possible.

Terre d’effervescents

Répartis principalement sur le sud de la Suède, dans la région de Scanie (en face du Danemark), et sur l’île de Gotland, Niclas et Anna ont fait un pari encore plus audacieux en choisissant Särtshöga, étant parmi les premiers producteurs viticoles de la région. Mais faire du vin n’est pas si difficile ici, passées les premières années où il faut apprendre à connaitre son terroir et chacune de ses parcelles. Nous sommes ici sur des sols calcaires, crayeux par endroits (contrairement à la Scanie, davantage composée de sols sableux), parfait pour que notre cépage, le solaris, donne de grands effervescents, ciselés et à l’aromatique élégante.

Cuvée traditionnelle - Crédit photo : Niclas Albinsson
Cuvée traditionnelle - Crédit photo : Niclas Albinsson

Le Solaris, inconnu de nos appellations, est un hybride allemand crée en 1975 (comprenant dans son arbre généalogique le muscat ottonel). Ses qualités de floraison précoce et maturité rapide lui permettent de tirer le meilleur parti de son terroir et du climat scandinave.
Les vents qui balayent régulièrement le vignoble créent de bonnes conditions sanitaires, permettant à Anna et Niclas de cultiver selon les principes de l’agriculture bio, comme dans quasiment tous les vignobles suédois) et d’élaborer des effervescents selon la méthode champenoise qui, dégustés à l’aveugle, pourraient aisément passer pour des Champagne, justement.
Le millésime 2017 s’ouvre sur des notes de pierre à fusil, une minéralité aussi intense que raffinée, enrobée d’arômes de pomme cuite et de fleurs délicates, quand la cuvée Tradition, plus consensuelle, choisit un répertoire de fruits jaunes et exotiques parfaitement séduisants.

Crédit photo : Niclas Albinsson
Crédit photo : Niclas Albinsson

Là où les hivers ne sont pas blancs

Le climat n’est pas si hostile au sud de la Suède, d’autant que la grande durée d’ensoleillement par jour en été permet d’équilibrer les jours courts et gris de l’hiver. Niclas préfèrerait presque que la neige recouvre ses vignes au cœur de la saison basse, offrant un couvert isolant aux racines qui souffriraient ainsi moins des vents glaciaux. Pour le reste, il s’assure que chaque pied dispose de 2,5 mètres d’étendue de surface foliaire (contre en moyenne 1,5 en France), pour engranger le maximum de lumière, et ne pas laisser trop de grappes sur le pied.
C’est aussi pour cette raison qu’Anna et Niclas ont passé leur tour sur la production de vin de glace, nécessitant au moins deux semaines consécutives à -8C° minimum.
Niclas ne se risque pas non plus à prédire les éventuels effets du réchauffement climatique dans son pays, bien qu’il constate qu’en moyenne, l’été rallonge d’un jour par an depuis 50 ans. Ce qui peut en revanche l’inquiéter est la répétition croissante et l’amplitude des aléas climatiques, comme par exemple les inondations qui ont frappé la Scanie cet été, menaçant potentiellement l’intégralité des récoltes du millésime en cours.

 Crédit photo : Niclas Albinsson
Crédit photo : Niclas Albinsson

Monopole

Une chose surprend vraiment en Suède, en revanche : le monopole d’Etat sur les alcools dont le taux est supérieur à 2,5%. Interdisant la vente entre producteurs et particuliers, et ainsi ne permettant pas aux Albinsson de vendre leur vin au domaine, par exemple (ni pour vous d'acheter du vin ou des gins locaux au duty free, exclusivement réservés aux destinations hors UE).
Les propositions des producteurs pour changer notamment cet aspect sont sur la table du gouvernement.
En attendant, Anna et Niclas ornent les tables de leur restaurant (toujours complet en haute-saison) de leurs cuvées.

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