Tout savoir sur l’oïdium

Tout savoir sur l’oïdium

L’oïdium n’est pas une maladie spécifique à la vigne. Les roses par exemple y sont encore plus sensibles. C’est la raison pour laquelle les anciens plantaient des rosiers en début de rang : dès que la fleur commençait à être atteinte, cela signifiait que l’oïdium allait frapper et qu’il fallait protéger les vignes. Aujourd’hui, cela tient plutôt du folklore ! Pour tout savoir sur cette maladie, continuez à lire.

Origine et histoire de l’oïdium de la vigne

L'oïdium de la vigne est causé par le microorganisme Erysiphe necator. Il a été identifié pour la première fois aux États-Unis en 1834 par un scientifique du nom de Schweinitz. Peu de temps après, la maladie s'est rapidement propagée dans toutes les régions viticoles du monde, causant des dégâts considérables. Son arrivée en Europe date de 1845, où il a été repéré pour la première fois sur des vignes anglaises. Il arrive en France la même année, sur des vignes du bassin parisien, à l’époque où l’Île de France était une grande région de production. Cela fait de l’oïdium la plus ancienne maladie d’origine américaine reconnue en France.

Des rosiers en début de rang à Western Cape, en Afrique du Sud
Des rosiers en début de rang à Western Cape, en Afrique du Sud

Premiers symptômes de l’oïdium

Tout comme le mildiou, l'oïdium affecte les parties aériennes de la vigne, en particulier les feuilles. Les tout premiers symptômes visibles de l’oïdium sont similaires à ceux du mildiou : des tâches d’huile jaunâtres sur le feuillage. Les nervures subissent une nécrose qui les fait noircir, puis un feutrage gris-blanc, le mycélium, commence à se former sur les tâches d’huiles. C’est ce qui lui vaut parfois le nom de “maladie du blanc” sur d’autres cultures que la vigne. Les feuilles infectées peuvent se déformer, se dessécher ou tomber prématurément, affectant la photosynthèse et le développement de la plante.

Symptômes de l’oïdium sur les autres organes

En l’absence de traitement, si l’oïdium est présent au vignoble au moment où les grappes se forment, les dégâts peuvent être conséquents tant sur la quantité de la vendange que sur sa qualité. Les grains se couvrent de la même poussière grisâtre présente sur les feuilles et éclatent avant même la maturation. Lorsque ce stade arrive, c’est une porte ouverte pour d’autres contaminations comme la pourriture grise. Les raisins contaminés, en cas de récolte, ont une acidité anormale, les vins ont un goût de moisi et sont légèrement moins colorés qu’à l’accoutumé. Les sarments peuvent également être atteints, on repère en ce cas des tâches en forme d’étoile de couleur lie de vin à brun sombre.

Biologie de l'oïdium

L'oïdium se développe dans des conditions de chaleur modérée (10 à 12°C avec un optimum à 25°C) et d'humidité élevée. Les pluies orageuses d’été et les nuits fraîches avec rosé matinale sont favorables à son développement. Pendant longtemps, l’oïdium était surtout un fléau pour les vignobles les plus méridionaux, mais avec le dérèglement climatique, il peut désormais s’épanouir plus au Nord, comme ce fut le cas en Alsace en 2023.
Tout comme le mildiou, les spores de l'oïdium se propagent principalement par le vent, infectant d'autres organes de la vigne ou attaquant les vignes voisines. Une fois installé, un mycélium se forme à la surface des tissus végétaux, d'où émergent de nouvelles spores, prêtes à se répandre. Pour passer l’hiver, l’oïdium conserve cet état de mycélium et se niche dans les futurs bourgeons, ce qui rend ses premières attaques très précoces : dès que le bourgeon commence à s’ouvrir lors de la saison suivante.

Deux stades d’avancée d’une d’attaque d’oïdium sur grappes
Deux stades d’avancée d’une d’attaque d’oïdium sur grappes

Principales différences entre l'oïdium et le mildiou

Même si elles s’expriment dans des conditions similaires (printemps chauds et humides) et qu’elles ont toutes les deux des conséquences dramatiques sur la récolte, certains points diffèrent entre ces deux maladies. Tout d’abord, le mode opératoire : le mildiou pénètre au cœur des organes de la vigne, là où l’oïdium reste en surface et parasite les organes verts au moyen d’un suçoir. Le mode de survie pendant l’hiver est également différent (dans les bourgeons de la plante pour l’oïdium, dans les feuilles mortes tombées au sol pour le mildiou). Enfin, en ce qui concerne la présence d’eau pour permettre leur développement, elle est indispensable tout du long pour le mildiou, tandis que pour l’oïdium, elle est requise pour la germination et la croissance, mais la fixation des suçoirs nécessite des conditions sèches.

Gestion et lutte contre l'oïdium

Voici une liste non exhaustive des moyens à la disposition des vignerons pour se prémunir contre cette maladie :
- Choix de cépages résistants : Certains cépages sont naturellement moins sensibles à l'oïdium, et leur sélection peut réduire la gravité des épidémies.
- Pratiques culturales : la taille et l'éclaircissage des feuilles permettent une meilleure aération de la vigne, réduisant ainsi l'humidité et le risque d'infection.
- Traitements fongicides : le soufre est particulièrement efficace contre l'oïdium (en préventif tant qu’en curatif), là où le cuivre agit plutôt contre le mildiou
- Biocontrôle : l'utilisation d'agents biologiques pour contrôler l'oïdium est une approche en plein essor, offrant une alternative plus durable aux fongicides chimiques. Le produit Sonata par exemple, une fois épandu sur les vignes, contient un microorganisme qui sécrète des acides aminés qui empêchent le bon développement du mycélium de l’oïdium.

Traitement fongique dans la Yarra Valley, Australie

En résumé, l'oïdium est une maladie complexe, aux conséquences graves pour le vignoble. Nul besoin de retenir le nom du responsable, Erysiphe necator. Néanmoins la prochaine fois que vous souhaitez impressionner votre entourage, vous pouvez tout à fait mentionner le fait que ce microorganisme est identifié comme un stramenopile. En français dans le texte ? L’agent pathogène de l’oïdium est catégorisé parmi les algues brunes et non avec les champignons. Le désigner comme un champignon est un abus de langage !

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