Tout savoir sur la maladie du court-noué

Tout savoir sur la maladie du court-noué

Saviez-vous que tout comme les hommes et les animaux, les plantes pouvaient attraper des virus ? Dans le cas de la vigne, l’un des virus les plus graves est sans aucun doute le court-noué. Toutlevin vous en dit plus sur cette maladie dont vous avez certainement déjà entendu parler.

Petite histoire du court-noué

Au contraire du mildiou et de l’oïdium qui sont apparus en Amérique avant de contaminer l’Europe, la première identification du court-noué s’est faite en Europe en 1865. Aux États-Unis, le premier cas a été signalé en 1950 dans un vignoble californien. Depuis, la maladie a contaminé le monde entier, avec des dégâts considérables puisqu’elle est encore aujourd’hui considérée comme incurable. Elle est également très répandue, rien qu’à l’échelle nationale, entre 60 et 70% du vignoble Français serait atteint.
Elle tient son nom des nodosités qu’elle provoque parfois, perturbant les flux de sève et l’approvisionnement hydrique de la plante. Mais aux États-Unis, elle porte le joli nom de “fanleaf” ou feuille éventail, qui correspond à un autre des symptômes qu’elle peut provoquer.

Une des nombreuses expressions d'une attaque de court-noué sur feuille
Une des nombreuses expressions d'une attaque de court-noué sur feuille

Symptômes du virus du court-noué

L’une des complexités du court-noué est que les symptômes présentent une très grande variabilité en fonction du cépage, de l'âge de la plante, du type de virus impliqué, des conditions environnementales… Par exemple, l’Ugni Blanc ou la Clairette y sont peu sensibles, au contraire du Chardonnay qui va très rapidement exprimer la maladie. Ainsi, dans le Chablisien, vous pourrez croiser une parcelle aux feuilles vertes avec, sur une zone délimitée, plusieurs ceps qui présentent tous des feuilles jaunes citron. Néanmoins, ce type de symptôme pourrait aussi s’apparenter à une carence.
La manière la plus sûre d’identifier la présence de court-noué sur une parcelle est d’avoir recours à des analyses en laboratoire (pour en savoir plus, vous pouvez regarder les deux types de diagnostics proposés par le laboratoire Vitinnov).

Propagation du court-noué

La maladie du court-noué est principalement causée par une infection virale. Les virus responsables de cette maladie sont transmis d'une plante à une autre par des nématodes, ces petits vers microscopiques qui se promènent dans les couches profondes du sol. Les nématodes se nourrissent des racines des vignes, facilitant l'entrée des virus dans les plantes hôtes. Une fois infectée, une vigne reste porteuse du virus tout au long de sa vie, avec des conséquences dévastatrices sur sa santé et sa productivité. La petite taille des nématodes fait que leur rayon d’action est limité, elles ne progressent que de quelques centimètres par an. Néanmoins, une fois que le court-noué arrive sur une parcelle, le vigneron doit agir sous peine de voir l’intégralité de ses plants contaminés dans les années qui suivent.

Nématode vivant en milieu aquatique observée au microscope
Nématode vivant en milieu aquatique observée au microscope

Lutte contre le court-noué : méthodes préventives

Les viticulteurs ont adopté différentes stratégies pour prévenir l’apparition du court-noué dans leurs vignobles :
- La sélection de porte-greffes résistants comme le Nemadex AB (sans qu’il s’agisse d’une solution parfaite puisque ce porte-greffe présente une faible résistance à la sécheresse)
- L'utilisation de matériel végétal certifié exempt de virus permet d’éviter les mauvaises surprises
- L’attention donnée à l’arrachage d’une parcelle : tout le matériel végétal lié à la vigne doit être retiré
- La mise en place de jachères entre deux plantations
D’autres pistes sont en cours d’étude par les organismes de recherche. L’un d’entre eux repose sur le principe du vaccin : injecter un virus affaibli aux vignes pour qu’elles développent des anticorps qui leur permettrait de lutter contre la maladie (le projet Vaccivine).

Lutte contre le court-noué : méthodes curatives

Si la parcelle venait malgré tout à être contaminée, les solutions à mettre en place visent à se débarrasser du court-noué mais également des nématodes. De fait, les mesures sont assez radicales. La première étape est de dévitaliser les plants porteurs en utilisant des herbicides puissants. C’est la seule manière d’avoir la certitude que la plante malade est éliminée dans son intégralité, jusqu’à la plus petite radicelle qui pourrait servir à nourrir les nématodes. 4 mois après, un arrachage en règle s’opère et les déchets doivent être brûlés. Pas question de faire dans la dentelle, il faut réaliser un défonçage profond. Débarrasser le sol de tout le matériel contaminé au moyen d’un défonçage profond. Dans l’idéal, le sol devrait être mis au repos pendant 7 à 10 ans avant de replanter de la vigne. Dans la réalité, ces délais sont souvent malheureusement plus courts.

Arrachage en cours sur une parcelle
Arrachage en cours sur une parcelle

Jusqu’à il y a quelques années, une méthode avait fait ses preuves pour lutter contre les nématodes : la désinfection des sols. Il s’agissait, par la voie chimique ou thermique, de débarrasser le sol de tout être vivant sur plusieurs dizaines de centimètres de profondeur. Cette pratique, hautement néfaste pour l’environnement, est aujourd’hui interdite. La lutte préventive est à privilégier.

Publié , par

Vous aimerez peut-être


Nos derniers articles

Tout afficher