Tout savoir sur le mildiou

Tout savoir sur le mildiou

D’origine américaine, tout comme le phylloxéra, le mildiou est apparu en France dans les années 1880. Ses dégâts sont variables selon les années mais il reste la maladie la plus impactante pour les vignerons, d’où l’importance de bien comprendre comment il fonctionne.

Le mildiou, une maladie cryptogamique

Vous avez probablement déjà entendu ce terme : “maladie cryptogamique” ? Cela signifie que le mildiou est une maladie due à un champignon du nom de Plasmopara viticola. Il s’attaque préférentiellement aux feuilles. Sur des feuilles jeunes, dans le cas d’une attaque printanière, les filaments du champignon provoquent l’apparition de “tâches d’huiles”, des tâches jaunâtres légèrement translucides, qui se couvrent ensuite d’un duvet blanchâtre sur la face inférieure de la feuille. Sur des feuilles plus âgées, dans le cas d’une attaque automnale, les tâches sont limitées par les nervures pour un aspect “mildiou mosaïque”.

Le duvet blanchâtre sous les feuilles
Le duvet blanchâtre sous les feuilles

Biologie du mildiou

Après être tombées à terre, les feuilles contaminées sont des nids à oospores, les œufs du mildiou. Ces œufs passent l’hiver puis lorsque les températures atteignent 11°C et que l’humidité est favorable, ils commencent à germer et à répandre des spores dans l’atmosphère. Emportées par le vent, elles contaminent les feuilles des plantes voisines. Ensuite, le duvet blanchâtre qui se développe sur les feuilles est une colonie de conidies, qui émettent elles-mêmes des spores qui n’attendent qu’un coup de vent pour se répandre. Vous l’avez compris, l’expansion peut être très rapide et exponentielle.

Les conséquences court terme du mildiou

En cas d’attaque printanière et en l’absence de traitement, les feuilles atteintes tombent. L’activité photosynthétique de la plante est compromise, rendant la croissance des grappes compliquée. Il est difficile de faire un vin de qualité dans ces conditions. C’est encore pire lorsque le mildiou atteint directement les fleurs ou les fruits. Les attaques avant la floraison compromettent la formation des grappes, entraînant facilement des pertes de récolte de l’ordre de 50%. Tant que la peau des baies n’est pas suffisamment épaisse, le mildiou peut ruiner le volume de la récolte. Et même une fois que la peau est épaisse, le mildiou passe par le pédicelle et se développe à l’intérieur des raisins. C’est le stade qu’on appelle “rot brun”, qui donne des moûts acides et des vins qui se conservent mal.

Conséquence du mildiou sur une grappe de raisin blanc
Conséquence du mildiou sur une grappe de raisin blanc

Les conséquences long terme du mildiou

Les conséquences peuvent se ressentir sur l’année d’après également car si la plante n’a pas fait suffisamment de réserves pendant la saison, elle aura du mal à passer l’hiver. Elle sera plus faible, ce qui la rend plus sensible au gel, mais elle aura aussi plus de mal à sortir de sa dormance. Une année à mildiou peut donc impacter plusieurs millésimes.

Un autre facteur particulièrement grave est qu’en l’absence de traitement et au regard de la biologie exponentielle du parasite, la maladie a vite fait de se répandre partout. C’était notamment le cas sur l’été 2023 à Bordeaux. De nombreuses parcelles étaient abandonnées par les vignerons qui ne s’y retrouvaient plus, devenant des foyers à maladies, contaminant les voisins proches et lointains. D’un problème localisé, la vague de mildiou est devenu un problème à l’échelle de la région bordelaise entière.

Lutte contre le mildiou : la lutte chimique

On distingue 2 types de produits.

Les premiers, les produits de contact, se déposent sur le végétal pour former une enveloppe protectrice empêchant le champignon d’agir. Ils doivent être utilisés de manière préventive car ils seront lessivés dès la première pluie et devront être appliqués de nouveau pour prévenir les prochaines attaques. C’est typiquement le cas de la bouillie bordelaise dont vous avez déjà entendu parler. Cette préparation traditionnelle est encore aujourd’hui très efficace.

Les seconds, les produits systémiques, pénètrent au cœur du végétal et ont donc une rémanence plus longue, indépendante des éléments extérieurs. En fonction des produits, certains peuvent être utilisés de manière préventive (Phosétyl AL), mais d’autres ont également une utilisation curative comme le Curzate, à base de cymoxanil.

Traitement en cours sur un vignoble
Traitement en cours sur un vignoble

Lutte contre le mildiou : la lutte prophylactique

Ce terme un peu barbare désigne l’ensemble des méthodes préventives utilisées pour protéger les plantes en se passant de l’utilisation de produits chimiques. Dans le cadre d’un stratégie de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, elle est indispensable à mettre en place. Dans le cas du mildiou, il peut s’agir de :
- planter des variétés résistantes à ce champignon (Artaban, Vidal, Floréal…)
- supprimer les sources d’humidité au vignoble (eau stagnante, herbes hautes…)
- mettre en place une gestion des feuilles mortes (les retirer du vignoble si elles ont été contaminées, les enfouir si elles sont saines)
- limiter au maximum les organes verts susceptibles d’être des portes d’entrées pour les attaques de mildiou (gourmands sur pieds par exemple)
- etc...

La lutte prophylactique est à privilégier car la biologie du champignon fait qu’une fois installé, il est très difficile de s’en débarrasser.

Vous savez désormais tout sur le mildiou et ses enjeux pour la pérennité des vignobles !

Lisez aussi notre article Tout savoir sur l’oïdium.

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