Tout savoir sur le Porto

Tout savoir sur le Porto

Il est dit des vignobles de la Vallée du Douro, patrie du Porto, qu’ils font partie des plus beaux du monde. Des vignes sur des terrasses schisteuses, à flancs de coteaux abrupts qui plongent dans le fleuve. Le paysage est vertigineux et Toutlevin vous emmène à la découverte de ces vins d’apéritif si caractéristiques.

Aux origines du Porto

Le Porto tel qu’on le connaît aujourd’hui aurait pu ne jamais voir le jour. C’est un concours de circonstance franco-anglais qui a permis sa naissance ! Il pourrait s’agir soit d’une évolution dans la taxation des vins français pour quiconque souhaiterait les importer, soit de tensions politiques, voire même d’une réponse aux guerres qui opposaient les deux pays. Quoiqu’il en soit, un jour s’est trouvé où le Royaume d’Angleterre a décidé de faire une croix sur la production viticole française et de mener ses bateaux un peu plus loin pour s’approvisionner en vin.

Les premiers Portos, des vins taillés pour l’océan

Les voici rendus sur les côtes du Portugal, plus précisément au port connu à l’époque sous le nom de Oporto. De là, ils remontent le Douro sur une centaine de kilomètres et parviennent à la Vallée du Douro, déjà reconnue pour ses vins rouges de qualité. Les cales pleines, les bateaux remontent le fleuve, puis l’océan. Mais le port portugais est beaucoup plus éloigné de l'Angleterre que ne l’étaient les ports français, et les conditions de navigation ne sont pas optimales pour la conservation du vin. De fait, nombre de fûts tournent en cours de route et sont imbuvables en bout de course…
Les marchands anglais sont créatifs : pour permettre au breuvage de supporter le voyage, ils décident de le “fortifier”. Pour ce faire, ils ajoutent de l’eau de vie dans les tonneaux. Le vin muté de Porto est né de là, même si la recette est encore loin d’être celle que l’on connaît aujourd’hui.

Le vin de Porto, première appellation d’origine contrôlée

Il faut attendre 1757 et un homme fort du Portugal pour que l’histoire des vins de Porto prenne un tournant : le marquis de Pombal, une petite ville située à 150 kilomètres au sud de Douro. Le marquis est visionnaire, il sera le premier à instaurer un cadrage de production sur une zone géographique délimitée, créant la toute première appellation d’origine contrôlée, près de 200 ans avant nos AOC. Ses décisions, extrêmes pour l’époque, ont posé les bases du Porto tel qu’on le connaît aujourd’hui. Il imagine une classification des rives du Douro basée sur le climat, le sol, l’inclinaison des parcelles, l’altitude, le rendement et l’âge des vignes. Un prémisse de la notion de terroir.

Le Porto aujourd’hui

La région de production du Porto couvre 40 000 hectares divisés en trois crus, du plus frais et humide au plus chaud et sec : Baixo Corgo, Cima Corgo et Douro Superior. Les cépages autorisés sont principalement le Touriga Nacional, le cépage portugais le plus connu, le Touriga Franca, le Tinta Roriz (Tempranillo) et le Tinto Cão. D'autres variétés locales moins connues s’ajoutent à cette liste. Les conditions sont difficiles et un cep de vigne en pleine vigueur ne donnera pas plus d’une bouteille de Porto.

La technique de production est celle des vins mutés ou vins fortifiés. Une eau de vie neutre à 77° est ajoutée en cours de fermentation, ce qui a pour effet de tuer les levures en pleine activité de fermentation alcoolique. En résulte une dose de sucre résiduels élevée, que vous retrouverez bien sûr en bouche. Ainsi, les Porto dits “Ruby” présentent entre 90 et 100 grammes de sucre par litre, là où les “Tawny” avoisinent plutôt les 100 à 140 grammes. A titre de comparaison, les vins de Sauternes contiennent entre 100 et 150 grammes de sucre par litre. Vous pourrez également trouver des Portos Extra Sec (<40g de sucre) ou Extra Doux (>140g de sucre). La seconde conséquence du mutage est l’élévation du degré alcoolique pour atteindre 16 à 20°.

Quel Porto choisir selon ses goûts ?

Avec les siècles, le Porto a évolué. Ce qui est sûr, c’est que la pratique du mutage reste centrale dans l’identité des vins, et que l’élevage en fûts de chêne prédomine.

- Porto Ruby : vieilli en fûts de chêne pendant un minimum de 3 ans, sa robe est rouge carmin et il exprime des arômes de fruits rouges frais. A consommer dans sa jeunesse, légèrement rafraîchi

- Porto Tawny : élevé pendant au moins 3 ans, il résulte d’un assemblage de vins d’en moyenne 10, 20, 30 ou 40 ans. En résulte une belle robe ambrée à brune, des arômes de fruits secs, de noix, de caramel et de vanille et une bonne capacité de garde. Avec les années, le vin gagne en complexité, en saveurs et perd en alcool

- Porto Vintage : le Porto Vintage est produit uniquement lors des années exceptionnelles et est issu d’une seule vendange, au contraire des catégories précédentes qui sont toutes des assemblages d’années. Vieilli deux ans en fût de chêne, il est le plus souvent puissant, corsé et doté d'une belle capacité de vieillissement

- Porto Late Bottled Vintage (LBV) : également millésimé, le porto LBV est vieilli pendant une période plus longue (4 à 6 ans) avant d'être mis en bouteille, ce qui leur confère davantage de complexité

- Porto Colheita : considéré comme le summum du Porto, il s’agit d’une production millésimée vieillie pendant un minimum de 7 ans en fût de chêne, mais la plupart des producteurs sont autour de 20 ans. Il s’agit des Portos les plus fins, réservés aux amateurs

- Porto Blanc : élaboré à partir de cépages blancs, il peut être sec ou doux. Les Porto blancs secs ont des arômes frais et fruités, tandis que les Porto blancs doux présentent des notes de fruits secs et de miel

- Porto Rosé : le dernier né de la région (autorisé depuis 2008) reste marginal en termes de production. Il suit le même process de production qu’un porto rouge mais sur une macération beaucoup plus courte. Il se veut plus facile d’accès

Pour les plus curieux (de préférence lusophones - qui parle portugais - malheureusement), les détails du cahier des charges sont disponibles sur le site du gouvernement portugais.

Vous l’aurez compris, le Porto est un vin pluriel capable de révéler de multiples facettes. Il se consomme de plus en plus en cocktail, avec un trait de tonic. Vous êtes amateur ? Vous pouvez essayer de vous tourner vers le Pineau des Charentes pour des aromatiques similaires, made in Cognac.

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez aussi : Découverte du World of Wine (ou WoW), le quartier culturel du vin à Porto.

Publié , par
Mise à jour effectuée

Vous aimerez peut-être


Nos derniers articles

Tout afficher