Codes Crus classés 1855 - Château Lafon-Rochet 4ème Grand Cru classé Saint-Estèphe

Codes Crus classés 1855 - Château Lafon-Rochet 4ème Grand Cru classé Saint-Estèphe

Soyez les bienvenus dans ce quatrième volet de notre road trip médocain: “Code Crus classés 1855”.
Pour terminer ce premier tour d’horizon introductif des grands crus classés en appellation communale, nous poussons plein nord exactement au bout de la route des châteaux.
Nous voici dans la quatrième couveuse à grand cru, la belle AOC de Saint Estèphe.
Après la finesse des Margaux, la puissance des Pauillac, l’équilibre d’un Saint Julien, nous voici dans le terroir le plus ferme des AOC communales médocaines. La discrète Saint Estèphe offre des vrais paysages viticoles, plus ondulés et une perspective magique sur l’estuaire de la Gironde.
Nous sommes accueillis dans le très coloré grand cru classé Lafon-Rochet par son non moins solaire propriétaire Basile Tesseron.

Un cru classé a toujours un centre de gravité qui fait que le vin raisonne d’une façon particulière.
Indubitablement, ici, c’est la personnalité de Basile Tesseron, le maître des lieux.
Nous verrons comment ce pur player de l’aristocratie bordelaise du vin, a su redorer tous les marqueurs dont doit être doté son grand cru (comme avant lui son père et son grand père). Une quête de l’exemplarité, sans concession, quitte à exploser quelques codes au passage.

Une personnalité nobiliare qui ne date pas d’hier

Fin XVIIème siècle, le domaine appartient à l’une des trois maisons nobles de la paroisse de St Estèphe. Une partie est une parcelle caillouteuse, nommée à propos La Rochette. Le domaine naît début du XVIIIème siècle quand Etienne de Lafon, parlementaire girondin acquiert par mariage ces terres. Sans doute impropre à d’autres cultures, il y fait planter des vignes. Celui-ci donna son nom au domaine : Lafon-Rochet.
Bien conduit, le château fera partie des happy few de Saint Estèphe qui seront classés en 1855. Le domaine restera dans la famille Lafon jusqu’en 1880.
Traversant les vicissitudes viticoles du XXème siècle, la propriété changera de main quatre fois avant d’être acquise par ceux qui vont lui redonner ses lettres de noblesse: les Tesseron.

A nouveau châtelain, nouveau château : Lafon-Rochet se réappropprie les codes de l’aristocratie bordelaise du vin

En 1961, l'acquéreur Guy Tesseron est le descendant d’une famille de la grande bourgeoisie du Cognac, vieille de 500 ans. Son épouse, Nicole Cruse est elle issue de la famille la plus influente de la société bordelaise du vin de l’époque. Va s’en suivre un travail transgénérationnel pour rebâtir un ensemble architectural intégrant tous les symboles d’une grande maison du vin à la bordelaise, dans une belle évocation XVIIème siècle. Guy va déconstruire et reconstruire la chartreuse résidentielle, le seul château qui aie jamais été élevé dans le Médoc durant le XXème siècle !
Avec le même esprit que son père Michel Tesseron, Guy, piqué par un journaliste arguant que le château n’était pas visible depuis la route, décide de le repeindre d’une couleur qui le rendra visible. Qu'à cela ne tienne, en un an, trois couleurs pour le moins originales vont se succéder : vert, rouge et jaune ocre. Les tourelles de la Pagode de Cos ne seront plus la seule originalité du périmètre. Pour redorer le blason de cet établissement, rien ne valait mieux que ce jaune d’or couleur impériale en Chine, une couleur porte-bonheur. Cette dernière étant devenue la couleur officielle du domaine et celle de l'étiquette. D’autres y verront un clin d’œil aux ocres du palais vénitien. Là où d’aucun aurait attendu une rigidité habituelle des vieilles familles, chez les Tesseron, l'originalité est plutôt de mise. Ils me font penser à la délicieuse excentricité de la vieille aristocratie anglaise.

Michel Tesseron
Michel Tesseron

En 1999, Michel Tesseron et sa sœur la princesse Caroline Poniatowska reprennent la propriété. Revenu sur les terres familiales en 2000 pour aider son père, Basile prendra la direction du château en 2007. Il entrera en fonction avec déjà une belle expérience dans la vente et le négoce. Il a beaucoup voyagé, a vécu à Mendoza, en Argentine, puis à Londres. Il vit son retour avec l’intime conviction que le vin était la chose la plus importante pour lui.

ll y a un double attachement au vin chez Basile

• Le premier est sentimental et sensoriel. Il le tient de son grand père maternel, décédé il y a un an. Pierre Lillet, héritier de la célèbre marque d'apéritif. Il lui a transmis la passion pour le goût, lui a appris les arômes. Enfant, à la sortie de l'école, il lui faisait sentir tous les produits qui étaient dans son laboratoire.
• Le second est dynastique. Basile évoque avec humour l’empreinte qu’il apposera à celle de ses aînés dans l’histoire de la propriété, lorsqu’il parle de son vin. Il avance avec prudence et humilité: Lafon-Rochet était le rêve de mon grand-père, l’œuvre de mon père, à moi d’accrocher la toile au mur.

La conduite que va initier Basile au domaine est à la croisée des chemins de ces deux inspirations.

J’ai eu deux fois l’occasion de rencontrer l’homme dans ces moments sans distance que sont les interviews. C’est une personne sympathique. Le ton de sa voix est chaleureux, il est attentionné. On ressent une vraie sensibilité, même si on sent que le cuir du commandement commence à se tanner. Je l’ai rencontré à deux ans d'intervalle, et l’ai trouvé plus grave lorsque nous nous sommes rencontrés pour ce dernier article. Mais il est toujours solaire et sait apporter une chaleur qui n’est pas feinte.

Dans le déroulé qu’il fait de son historique au domaine, c’est en bâtisseur qu’il s’exprime.

Il parle d’abord de ce qui est visible, la pierre.
Depuis 2000, il a mis en place une importante politique de construction : les bâtiments techniques sont repensés, un impressionnant chai hémisphérique avec charpente d’art, auquel est adjoint un cuvier organisé comme une chapelle romane avec une cuve par parcelle. Le château, chai, cuvier ainsi que le reste du bâti forment un petit hameau paisible et accueillant.
Avec une chartreuse XVIIème siècle construite au XXème siècle, il ne semble pas incohérent de construire un chai roman avec son transept au XXIème siècle. La répartition du volume des cuves permet des vinifications intra parcellaires. Le béton y retrouve une place prépondérante et s'intègre mieux que l’inox dans cette ambiance romane. Il permet aussi de mettre en exergue cette caractéristique iodée de la fin de bouche des vins maison. Pour finaliser son outil de travail, il dote le chai d’amphores et de foudres Stockinger (15 hl) en plus de l’élevage classique en fût de chêne (50% de barriques neuves).

Basile se définit d’abord comme un paysan

Basile n’est jamais à plus de deux heures de ses pieds de vignes.
Elles sont posées sur une hauteur, donnant l’impression d’être sur un rocher : l’origine du nom du château. Il faut venir s’y promener, c’est l’un des plus beaux paysages du Médoc sur une belle élévation variant de 5 à 25 mètres.
C’est comme une île cernée par les marais ; En bas coule la Jalle du Breuil, même pas une rivière, un filet d'eau qui s'épuise et finit pourtant par atteindre le fleuve.

Château Lafon-Rochet
Château Lafon-Rochet

Château Lafon-Rochet partage cette croupe avec le château Cos d'Estournel. Elle est constituée d'un sol de graves sur socle argilo-calcaire présentant une grande diversité de nature.
Elles ont été récemment répertoriées en une quinzaine de types, chacun accueillant les cépages les plus adaptés.
- 55% de cabernet sauvignon sur les graves détritiques apportent la tension manifeste de ce vin.
- 40% de merlot au levant pour une douce maturité, et sur les affleurements calcaires enrobent le vin par son onctuosité.
- 5% de cabernet franc et petit verdot pour la verticalité et la finesse des arômes.
L’adéquation sol cépage donne un séquencement très distinct des composants de son goût

Au-delà de cette classification des sols, la propriété peut se targuer d'une belle découverte : elle a la rareté de contenir une riche argile bleue comme dans le sol de Petrus. Elle représente aujourd'hui 50 % du grand vin. L'hiver, la première couche sèche et durcit mais protège l'autre en dessous, qui reste humide et fraîche. Cela fait une terre difficile à travailler mais très intéressante et vraiment spécifique du lieu.
On comprend pourquoi depuis le millésime 2012 le conseil technique est Jean-Claude Berrouet.

L’ADN viticole Tesseron est un sens du progrès sans compromis

Dans le lignage de son père et grand père, Basile porte cette valeur. Quand il faut y aller d’un réajustement stratégique pour leur propriété, ils actent de changements radicaux. Reconstruire le château, en changer la couleur.
Pour Basile, la vraie signature de son mandat n’est pas la continuation de la construction des édifices. Ses enjeux sont ceux de notre époque : une production de vin corrélée en bonne intelligence avec son biotop.
Il faut rappeler qu’en dépit de la pression sociétale légitime sur l'environnement, la machine Grand Cru Classé n’est paradoxalement pas impactée par cette prise de conscience. Il y a une aura virginale dans la transcendance d’un cru classé qui n’impose pas encore à ce jour une considération affichée de l'environnement dans leur stratégie. En d’autres termes, la force de frappe de la désignation Grand Cru Classé n’oblige pas à un code environnemental pour le bon fonctionnement commercial.
Basile a mis en œuvre une approche environnementale simplement parce qu’il y est sensible.

Basile ne court plus le monde pour représenter son château.
Ses tracteurs sont de petite taille.
Il prévoit d’utiliser des bouteilles légères moins dispendieuses d'énergie lors des transports vers les 50 pays dans lesquels il vend son vin.
Une politique attentive de chacun des points du process vin est réfléchi avec bon sens.

A l’égal de tous les vignerons, Basile est à la croisée des chemins dans une agriculture utilisant un matériel végétal hyper sensible aux maladies. Indépendamment de toute querelle de chapelle, il préconise une vision médiane qui apporte une marge de réduction importante des produits de synthèse.
La politique agricole de basile n’est pas idéologique, elle est pragmatique.
Le château est très efficacement engagé dans une démarche certifiée Haute Valeur Environnementale.

Humains

Dans un métier aussi demandeur de talent et de passion, les bonnes pratiques en matière de gestion des facteurs humains sont primordiales. Pour diminuer les souffrances du canal carpien des vignerons, deux fois par semaine un coach vient pour prodiguer les bons gestes.
Il appelle son équipe “la meilleure du monde”.

Sociétaux

Ce facteur est bien sur la résultante des facteurs précédents dans le sens où l’ensemble humain évoluant autour et dans la propriété en est affecté.
Dans la territorialité économique médocaine, la principale création de richesse et l’activité des Grands Crus Classés. Il est étonnant d’y constater une précarisation égale à celle des régions post industrielles. Elle provient du fait que la main d'œuvre locale habituellement employée par les châteaux est assez largement remplacée par des entreprises de sous traitance. Ce qui diminue considérablement la redistribution des richesses à l'échelle locale.
A Lafon-Rochet, le nombre de salariés permanents est très supérieur à la moyenne et le recours aux extras très minoritaire.

L'exemplarité d’un lanceur d’alerte

Dans sa catégorie, pour un coût économique et un risque agricole cohérent, la philosophie vigneronne de Basile est exemplaire. L’étendue de ses chantiers est impressionnante. Sa maîtrise des codes est parfaite. La seule défaillance, qui n’en est pas une, est justement de ne pas raisonner en code de communication, mais en termes d’efficacité et d'éthique. Proposer une synthèse de toutes les écoles environnementales en viticulture, oppose en apparence des codes établis. Les remettre en cause, c’est déplacer les catégorisations à laquelle le mondovino s’accroche. De fait, chaque position se sent offensée parce qu’on lui demande de sortir de sa zone de confort et de pactiser avec l'ennemi. Le coming out de Basile n’a pas été salué, c’est le moins que l’on puisse dire.
Un bad buzz l’a violemment pris à parti. La vraie réponse à cette polémique serait un grand débat qui n’a pas encore eu lieu...
En fait, Basile est un lanceur d’alerte, en conscience il a dénoncé une pratique qu’il juge mauvaise. A tort, les opposants à son discours l’ont vertement tancé.
Le choc a été rude, à court terme l’opinion lui donnera raison.

Le hall du château
Le hall du château

Et si on parlait du vin

Un cru classé se mesure à l'aune de son vin, n’est-ce pas la seule chose que l’on attende de lui ?
Pour Michel Tesseron, la qualité d’un vin est ce que certains appellent le plaisir.
La définition du mot plaisir est complexe, comme celle du goût Lafon-Rochet.
Dans la tranche de temps Tesseron, le vin a commencé par un plaisir sérieux avec une forte proportion de Cabernet Sauvignon, ne révélant sans doute que le côté le plus rigide de Saint Estèphe.
L’augmentation du merlot, les vinifications intra parcellaires, un nouveau chai au top donne une interprétation gracieuse du terroir très Saint Estèphe de la propriété.
Depuis la prise en main de la propriété par Basile, le vin est devenu plus aimable. La première lecture de ce cru trompe son monde par une cohérence qui donne une impression de simplicité. L'homogénéité des marqueurs sensoriels ajustés au millimètre, apporte une belle unité stylistique. Tout s’articule parfaitement.
Au nez, du fruit frais au fruit plus mûr, jusqu’à certaines notes de bois et de cuir.
En bouche, tanins spécifiques de l'appellation mariés à une belle vivacité terminée par une touche iodée, signature unique des vins de l’atlantique.
Ce que j’aime dans Lafon-Rochet, c’est un certain classicisme. D’aucun lui trouve de l'onctuosité. Je le vois différemment : les matériaux sérieux de ce vin, tanins, vivacité sont gérés à la perfection. Ils affichent une origine cabernet sauvignon, calcaire argileux et graves qui en font un véridique Saint-Estèphe. Là où tout se joue, c’est dans la mesure de ses paramètres.
Nul doute que la signature l’œnologue consultant Jean-Claude Berrouet, ex Monsieur Pétrus a sa part de responsabilité dans cette académisme élégant de Saint-Estèphe.
Impressionnant vin qui est la validation de tout le travail fait par Basile et son équipe, la meilleur du monde dit-il fièrement.

Quand beaucoup de grands crus classés abusent et jouissent d’une rente de situation en terme de prix et de notoriété, les vins de Basile Tesseron proposent une vrai valeur ajoutée.
Et cerise sur le gâteau, le château Lafon-Rochet pratique une politique de prix non spéculative et respectueuse de ses fans, contrairement à ses voisins directs Lafite et Cos.

Loïc en dégustation
Loïc en dégustation

Notes de dégustation

Lafon-Rochet 2007

Une belle couleur tuilée. Un premier nez fin qui pousse fort. Des fruits confiturés qui font littéralement un boom olfactif. Puis le bébé se temporise. On est dans une joliesse appétissante. Le vin parfait à ce stade. Le cœur des arômes est maintenant pruneau, autour gravitent des notes tertiaires animales mais pas dominantes, bien fondues. A plus cinq minutes, des notes aériennes citronnées, menthol cèdre. Le touché n’est pas lourd, mais tendu.
L’ensemble est rafraîchissant et donne un joli charme joueur.
Le max de puissance se révèle sur la fin dans une croissance exponentielle, mais c’est vraiment très fin.
On sent clairement une minéralité salinité mais sans que rien ne prenne le dessus.
Le vin est lisible, jouant sur la qualité plus que la quantité des matériaux, qui s'enchaînent parfaitement.
On sent le style Lafon-Rochet, un vin fait de matériaux dures mais parfaitement pondérés.
Garde : au top, plateau 3 à 5 ans.

Lafon-Rochet 2008

Le premier nez est assez puissant, juste au sortir de la bouteille quelque chose d’assez sanguin. Un vin encore un peu introverti, même si on sent une puissance intérieure. L’ensemble est compact.
Des notes de cerises à l’eau de vie, de cognac, et très clairement d’ambre gris ; Musc.
Au-dessus des notes verticales de cabernet façon menthol.
En bouche un vin carré. Le vin est construit sur de réels fondamentaux de garde. Ici pas de maquillage, c’est fluide et tendu, remplissant mais pas gras. Sérieux et serré. La combinaison tanin acidité est superbe. Les tanins sont franc du collier. La touche finale est vraiment sur un rafraichissement appétissant qui laisse la bouche toute excitée.
Au-dessus du palais, en même temps que sur la langue vient une note disruptive de fraise dans le nez : la crise sur le gâteau.

Lafon-Rochet 2009

Le nez est généreux, expansif, et sollicite bien l’attention tout de suite au sortir de la bouteille. Je suis étonné de ne pas le trouver si différent du 2008…
On est sur quelque chose de plus élégant, moins introverti, mais ce n’est pas un débordement non plus.
Après une minute ou deux, Monsieur commence à parler !
Et là c’est surprenant, il y a tout en même temps : pétrole, fruits rouges, épices et des notes de bonbons. Le florilège absolu d’un vin qui entre dans sa maturité. Le tout se complète de sucrosité et de douceur, là se trouve la différence avec le plus austère 2008.
En bouche, on est sur quelque chose de plus sensuel, le toucher est fait sur la rondeur de la sucrosité et viscosité.
La bouche est dense, sur deux modes, deux mondes :
• Le premier suave
• Mais dès le milieu de bouche passé, on est sur la trame fondatrice des Saint-Estèphe. Les tanins sont encore un peu abrasif et la vivacité est moins perceptible.
On sent un effet solaire mais maîtrisé.
Je m’avancerai que l’élégance de ce vin lui donne un côté Pessac Léognan.
Montée en puissance pendant 6 à 9 ans, et plateau 4 ans.

Lafon-Rochet 2010

Un nez qui fait boom, pas boom mais BOOM, grosse explosion.
Le premier nez ne demande pas la permission pour bondir hors du verre.
Les arômes sont encore fusionnels, fruits noirs denses impénétrables. Dans le fond de notes de fraîche, miam : un peu de jovialité dans ce concert massif et lourd.
Bien au-dessus du verre, des notes encore plus fun de car en sac.
Ce n’est pas une grande vérité de dire que la bouche est encore jeune…
Le vin n’est clairement pas fait pour être dégusté maintenant, nettement moins que 2009 qui est un peu plus abordable.
La bouche est grasse, mais n’est pas trop typée solaire. Elle est sur un mode rassurant old school, et laisse une impression matérielle.
Les tanins sont massifs ce qui est vraiment le signe d’une longue garde. Le seul de cette série de 10 millésimes dégustés qui ne soit pas terminé par la vivacité, mais par l’empreinte des tanins.
Le gaillard est un super classique du Médoc version plus à Saint-Estèphe.
Il faut vraiment l’oublier et lui faire un coucou dans 5 ans pour voir comment il aura évolué.
Garde : dans 10 - 12 ans, il aura atteint sa phase plateau.

Lafon-Rochet 2011

En direct, joli nez café et amande grillée, une belle ouverture de bal.
Le fruit est timide, il y a quand même un fond super excitant de fruits noir et d’épice.
C’est un 2011 en version réussie, ce qui ne court pas les rues. Les notes de tête de vin sont vraiment attractives et donnent une belle animation.
A l’aération, des notes plus lourdes de figue, de dates et de bananes complètent le panorama.
La bouche est vraiment intéressante avec une jolie portée, cette fois-ci construite sur plus de gras que de tension. Cette rondeur me fait plaisir car je m’attendais à plus de dureté du chêne, après avoir eu autant d'arômes de barrique au nez.
Les tanins savent se faire oublier, même s'ils se conjuguent avec un côté un peu végétal.
La finale se joue sur une petite vivacité très primesautière.
Sur un millésime réputé pas solaire, le bébé pèse néanmoins bon poids.
Un vin dans sa jeunesse, la finale ne s’est pas encore faite.
Un vin élégant sans artifice.
Garde: un vin à préférer dans sa jeunesse, qui sera là longtemps encore. Commencer à le chatouiller dans trois ans.

Lafon-Rochet 2012

Pain grillé at first sight, mais vraiment croûte de pain. Il y a tout de suite de la gentillesse dans ce vin. Cette prime note est complétée par une note de prune d’ente. La bouche est un peu sucreuse, mais un peu ennuyeuse aussi. Elle fait son chemin sans faire de bruit, mais elle a un côté tranquille et rassurant.
A l’heure où je déguste cette enfilade de vins, j’ai faim ! Et incroyablement ce breuvage me nourrit.
Il y a dans ce millésime une belle extraction qui laisse une impression matérielle en suspension dans le vin, avec un joli goût de peu de raisin mûr, on sait d’où cela provient.
Garde : typiquement un vin que j’aime sur ce confort fruité et rassurant de la jeunesse. A boire d’ici à 4 ans sur la sensualité, pour les amateurs de garde d’ici à 8 ans.

Lafon-Rochet 2013

Au sortir de la bouteille, très joli panorama aromatique, sur des notes très divergentes d’une part de caramel carambar et d’autre part sur des notes viandées.
Un peu de temps après ce concert improbable, se complète d’une note de clou de girofle.
La bouche fluide, juteuse et appétissante à souhait mais dans la version classique de Lafon-Rochet sans sucrosité.
Les tanins, bien marqués, forment encore un pic dans cette jeunesse.
Le jeune poulain est carré, il a tout d’un grand. A déguster avec la bonification d’un vieillissement bien mesuré avant que les tanins ne dessèchent.
Garde : pas avant, pas trop après, au moment de l’équilibre dans 5 ans.

Lafon-Rochet 2014

Un nez bien ouvert sur les fondamentaux de la maison que je commence à bien identifier maintenant.
Une belle puissance, même voir une grosse puissance qui n’a rien à envier à un millésime solaire : de la confiture de fraise.
La barrique évidemment très prégnante dans ce vin juvénile s’enroule bien autour d’un cabernet sauvignon frais et précis.
Le tout est assez binaire à ce stade : normal.
La bouche est caractéristique des 14, très taffeta. Cette vague douce pousse jusqu'au deuxième temps où le vin retrouve son ADN sur des tanins massifs.
La finale voit converger toute les sensations tactiles de ce vin, s'entrecroise onctuosité, abrasivité et le top, une acidité / salinité qui est géniale.
Grand 2014 !
Garde : à vous de voir… Il faudra attendre l’âge de raison, comme les humains 7 à 9 ans.

Lafon-Rochet 2015

Un nez fin frais joli, vraiment aérien, mais sur des arômes qui sont encore évidemment très proches de la vinification. Il y a quelque chose de méditerranéen au nez, du romarin.
En bouche, c’est la fête au village ! La construction est en entonnoir avec là aussi un point de convergence en finale qui est énorme. Un de ces rares vins où l’on sent une garde indéniable, au regret presque d’avoir goûté le vin tellement il sera grand plus tard.
Garde : in finé 15 ans.

Lafon-Rochet 2016

Mes papilles papillonnent, la griserie des grand fonds de bouteilles.
Monsieur fait un peu la tête, normal on vient de le sortir de la barrique pour le mettre en bouteille, le choc n’est pas encore effacé.
Un blockbuster de fruit noir.
La bouche est d’une lisibilité absolue, ample, un peu de viscosité, et une incroyable tension de surface.
La finale est géniale, répartissant à la perfection le poids de chaque élément.
Un monstre de classicisme.
Garde : on se rappelle dans 15 ans.

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