D’ingénieure à Bruxelles à vigneronne en Val de Loire : portrait de Kathleen Van Den Berghe

D’ingénieure à Bruxelles à vigneronne en Val de Loire : portrait de Kathleen Van Den Berghe

Ingénieure en construction à Bruxelles, Kathleen Van Den Berghe a quitté sa Belgique natale en 2010 pour trouver une maison au milieu des vignes. Avec son mari, expert minier, ils avaient l’ambition de faire du vin rouge dans le Nord et c’est finalement dans le Val de Loire que leur chemin s’est arrêté.
Le coup de foudre a lieu lors de la visite du Château de Minière en AOC Bourgueil puis s’ajoutera le Château de Suronde au cœur de l’Anjou Noir en 2016. Deux salles, deux ambiances, que Toutlevin a pu visiter, mais un même moteur : créer une vraie “Wine experience” et révéler le meilleur de chaque terroir. Pari réussi.

Kathleen Van Den Berghe au milieu des vignes du Château de Minière
Kathleen Van Den Berghe au milieu des vignes du Château de Minière

C’est l’aventure d’une vie, celle qui peut pousser une famille belge avec des fondations solides à “quitter“ son nid douillet pour vivre une autre histoire chez l’imposant voisin français. Mais pas n’importe quelle histoire ! A la base, on cherchait une maison de vacances au milieu des vignes car comme tout belge qui se respecte, on aime la France et le vin, glisse en souriant Kathleen Van Den Berghe. Puis l’usure d’un métier, où elle a beaucoup de responsabilité mais finalement peu de plaisir, la pousse à opter pour une reconversion comme vigneronne. Evidemment, c’est plus facile quand vous avez les moyens et je ne m’en cache pas, mon mari, qui est expert minier, gagne bien sa vie et c’est grâce à lui qu’on a pu se lancer dans cette grande aventure, poursuit-elle.
Ils ont des vues sur la Bourgogne, le Beaujolais mais c’est finalement dans la Loire qu’ils vont poser leurs valises. Une chose est sûre, on voulait un terroir plutôt frais et pas trop éloigné de la Belgique. Il y avait aussi un critère important autour de la culture et du patrimoine, prolonge la vigneronne, passionnée d’art contemporain et d’architecture.

Vieille bâtisse, cabernet franc et méthode bio

Arrivés au Château de Minière, en pleine AOC Bourgueil, ils ont le coup de foudre pour cette bâtisse du 16ème siècle avec ses murs en tuffeau, entourée d’une végétation luxuriante et gérée par des femmes depuis plus de 2 siècles.
Entretenir la tradition, c’est important. La propriété s’étend sur 29 hectares 100% cabernet franc, dont 15 hectares de vieilles vignes d’un âge moyen de 55 ans et plus de 3 hectares de centenaires. Ici, c’est un havre de paix et de biodiversité avec un refuge LPO (NDLR : Ligue pour la Protection des Oiseaux) et plusieurs ruches que nous avons installées, confie l’intéressée en contemplant le grand tilleul de 200 ans, les trois séquoias à la carrure imposante et ce pin de Corse d’un autre temps. Il a fallu rénover le château bien sûr mais les vignes ont vite montré qu’elles avaient un sacré potentiel.

La vieille bâtisse du 16e siècle aves ses murs de tuffeau
La vieille bâtisse du 16e siècle aves ses murs de tuffeau

Rapidement et logiquement, Kathleen Van Den Berghe convertit le domaine à l’agriculture biologique en 2013 et la transition vers la biodynamie est déjà en marche. On a tout de même eu pas mal de boulot de restructuration et de replantation mais l’approche bio permet de préserver la pureté du cabernet Franc, un cépage qui m’a tout de suite plu grâce à son caractère, enchaîne la propriétaire.

Bulles de Minière Rouge, un objet vineux non identifié

Franche, elle avoue avoir beaucoup exporté au début, car les vins n’étaient pas à la hauteur. Mais depuis 2015, elle fait les vins qu’elle aime boire et notamment une bulle rouge unique en son genre. Bulles de Minière, un ovni (objet vineux non identifié) né de son esprit d’ingénieure, de l’amour de son mari pour le lambrusco et de la tendance des consommateurs pour les bulles. Ça a l’air simple mais je vous assure que c’est compliqué pour rendre cette bulle friande, gourmande et légère, commente-t-elle. C’est frais, il y a peu de sucre et cela reste bien évidemment un vin rouge. Je dois dire que j’en suis particulièrement fière ! La gamme est aujourd’hui bien étoffée avec une dizaine de cuvées dont deux autres bulles (voir la sélection en fin d’article).

Quelques cuvées de la gamme de Minière dont la fameuse bulle rouge 100% cabernet franc
Quelques cuvées de la gamme de Minière dont la fameuse bulle rouge 100% cabernet franc

Kathleen veut pourtant offrir plus que du vin à ses convives. Adepte des “Wine experiences” qu’elle a découvert lors de ses pérégrinations dans les vignobles du monde, elle a créé trois gîtes d’une capacité totale de 27 personnes. Pour les amateurs de “slow” tourisme mais aussi pour les professionnels qui cherchent un coin paisible pour un team building ou un séminaire, le lieu offre toutes les commodités avec salles de réunion, vidéoprojecteur, café d’accueil, déjeuners possibles et diverses activités sur mesure via le concours de prestataires locaux.

Suronde, la pureté du chenin en biodynamie

Il est ensuite temps de prendre la route pour rejoindre l’autre domaine. Les éoliennes antigel pullulent sur le vignoble de Saint-Nicolas-de-Bourgueil puis la vigne laisse place aux asperges sur le terroir sableux d’Anjou. On laisse Angers à deux pas avant de traverser la Loire et d’entrer dans ce paysage plus vallonné en plein cœur de l’AOC Quarts-de-Chaume, unique Grand Cru du Val de Loire.

Depuis la terrasse du Château de Suronde, une végétation luxuriante et une biodiversité
Depuis la terrasse du Château de Suronde, une végétation luxuriante et une biodiversité

Quand j’ai découvert le Château de Suronde en 2016, j’ai été happé par l’ambiance des lieux, ces sols de schistes, ces vallons, ces coteaux du Layon, ces poches de biodiversité, détaille Kathleen Van Den Berghe. Ce qui est drôle dans cette histoire, c’est que mon papa venait dans la Loire quand il était jeune et que j’ai retrouvé des bouteilles de Suronde des années 50 dans sa cave. Elle va en faire un havre de paix, une résidence d’artistes (souvent belges) en recherche d’inspiration et concepteurs de ses étiquettes : Je leur donne carte blanche, assure-t-elle.
Mais Suronde, c’est aussi et surtout un terroir de schistes extraordinaire pour le chenin : un peu plus de 6 hectares tout en biodynamie. Un jardin didactique a même été créé cette année pour exposer les vertus de chaque plante dans les tisanes. On sait vraiment où on veut aller avec bientôt un verger en contrebas de la maison et des vaches et des moutons pour avoir notre propre bouse de corne et notre silice, conclut la propriétaire en présentant son Quarts de Chaume Grand Cru 2018. Ananas confit, tabac et épices, une valse aromatique pour terminer ce séjour idyllique.

Suronde, c’est le chenin dans sa plus pure expression comme dans la cuvée L’œuvre en AOC Anjou Blanc
Suronde, c’est le chenin dans sa plus pure expression comme dans la cuvée L’œuvre en AOC Anjou Blanc

Toutlevin a (particulièrement) aimé :

• L’Œuvre de Suronde 2018 / AOC Anjou Blanc (18)
• L’Allégorie de Suronde 2022 / AOC Coteaux-du-Layon (17,5)
• Vignes Centenaires 2017 / AOC Bourgueil (17,5)
• Quarts de Chaume 2018 / AOC Quarts-de-Chaume Grand Cru (17)
• Amphore de Minière 2019 / AOC Bourgueil (16,5)
• Bulles de Minière Rouge / Vin de France (16,5)
• L’Esquisse de Suronde 2022 / AOC Anjou Blanc (16)
• Rouge de Minière 2021 / AOC Bourgueil (15,5)

Crédit photos : Yoann Palej

Publié , par
Mise à jour effectuée

Vous aimerez peut-être


Nos derniers articles

Tout afficher