Vin & fromage : le Neufchâtel

Originaire de Neufchâtel-en-Bray, petite ville de Normandie qui lui a donné son nom, le Neufchâtel est un proche cousin du Camembert. Cette contrée fraîche et humide réunit les conditions idéales pour le pâturage et des caves d’affinage naturelles où se développe le pénicillium. On y crée ce fromage qui marque les esprits, traditionnellement en forme de cœur !

Et ce façonnage singulier, justement, est associé à une charmante légende liée à la guerre de Cent Ans. Les locaux avaient fraternisé avec l’occupant et on raconte qu’à l’époque les jeunes normandes offraient aux soldats anglais ces fromages pour leur faire part de leur amour. Il est emblématique de Normandie, dont il est probablement le plus ancien fromage. On en trouve des traces écrites dès 1035 et il fût le premier de la région à avoir obtenu le statut d’appellation d’origine contrôlée en 1969. Un savoir-faire ancestral au service de saveurs inimitables.

Fabriqué avec du lait cru de vache de race normande, le Neufchâtel allie une croûte fleurie légèrement duveteuse aux parfums de sous-bois, à une pâte blanche crémeuse. D’abord marqué par un goût lacté et des notes de champignon, il se fait plus franc et corsé au fil de l’affinage. Délicat mais soutenu, salé et doux, ferme et onctueux, c’est un tourbillon de sensations qu’il faut savoir marier au vin idéal. Tour d’horizon des cuvées qui lui conviennent parfaitement.

Un vin rouge sur le fruit

Misez sur une alliance marquée par la rondeur avec un vin rouge ample et fruité.

Dans le bordelais, un Graves s’impose avec son bouquet complexe sur les fruits rouges et les fleurs, avec des touches typiques de violette, d’épices et de torréfaction. Ils sont à la fois charmeurs et puissants, élégants et charpentés.

En Loire, on penche pour un Saumur aux fragrances de fruits noirs et de framboise relevées d’une pointe de végétal. La bouche est moelleuse, oscillant joliment entre structure et tanins fondus. Son croquant sera superbe avec la finesse du Neufchâtel.

En Beaujolais, on se dirige vers un Morgon. Ce cru de la région, composé exclusivement de Gamay, tire un caractère unique de son cépage phare. Au nez, le kirsch rencontre les fruits à noyau et se pare d’une intéressante minéralité. Une palette aromatique que l’on retrouve au palais dans un ensemble robuste et intense qui ne laissera personne indifférent.

Ou un vin blanc empreint de vivacité

Si le vin rouge est souvent le premier à venir à l’esprit lorsque l’on recherche un accord avec du fromage, n’hésitez pas à faire confiance à des blancs ! Oubliez les idées reçues (et lisez notre article Le fromage c'est souvent mieux avec le vin blanc et apportez une légèreté bienvenue à ce délice lacté particulièrement riche. Pour cela, on sert un Bourgogne Aligoté autour de l’acacia, de l’aubépine et de la pomme. Un concentré de fraîcheur qui sait aussi se faire tendre lors de la dégustation. On apprécie surtout sa finale vive et ses notes citronnées.
Un Pouilly-Fumé, en Loire, sera aussi du plus bel effet. Il dégage des senteurs de buis, d’agrumes, de menthe et de pierre à fusil. Ici encore, la fraîcheur est définitivement au rendez-vous. Grâce à elle, le Neufchâtel perdra en lourdeur et la combinaison sera harmonieuse. Ferme et structuré, il ne fait pas écho au fromage mais joue sur le contraste pour vous proposer une expérience inoubliable.

Et puisque vous êtes déjà sorti des sentiers battus, pourquoi ne pas continuer sur cette lancée et servir des bulles à vos convives ?
Un Crémant de Bourgogne plus précisément. Agrumes, fleurs blanches et minéralité au nez, avec parfois des touches de brioche et de fruits jaunes qui viendront envelopper le Neufchâtel. Mais pas d’inquiétude, sa délicatesse et sa vivacité seront toujours présentes pour garantir l’équilibre.

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